L'écrivain allemand Edgar Hilsenrath, auteur notamment du livre iconoclaste Le nazi et le barbier, est mort des suites d'une pneumonie à l'âge de 92 ans, a annoncé lundi son éditeur français.
"Edgar Hilsenrath nous a quitté. Qui peut revendiquer plus d'humour et de compréhension de l'espèce humaine que cet écrivain inclassable ? Merci pour tout ce que tu nous auras donné à lire et à vivre Edgar", a indiqué Le Tripode sur son compte Facebook.
Né à Leipzig, en Allemagne, en 1926 dans une famille de commerçants juifs, Edgar Hilsenrath a survécu au nazisme en s'exilant avec ses parents en juillet 1938 dans un ghetto en Roumanie où vivaient ses grands-parents. Déporté en 1941 dans un autre ghetto juif en Ukraine, il est sauvé par l'Armée rouge en 1944. À la fin de la guerre, il revient en Roumanie, part pour la Palestine, revient en Europe, notamment à Lyon, avant de s'installer aux États-Unis en 1951. Il y restera 25 ans sans jamais s'y adapter. Vivant de petits boulots, il commence à écrire (toujours en allemand) le fruit de ses expériences.
Best-seller. En 1964 paraît La nuit, son premier roman. Mais son éditeur allemand, inquiet de la causticité de sa plume et de l'humour au vitriol qui caractérise déjà son oeuvre, préfère saborder la sortie du livre. Traduit en anglais, celui-ci paraît aux États-Unis en 1966 et devient un best-seller se vendant à près de 500.000 exemplaires. Mais Edgar Hilsenrath, revenu en Allemagne en 1975, est toujours un auteur indésirable dans son pays.
Évoquer la Shoah sur un mode satirique. Parfois considéré comme son chef d'oeuvre, Le nazi et le barbier, un roman qui évoque la Shoah sur un mode satirique et burlesque, est publié avec succès aux États-Unis en 1971 mais ne le sera en Allemagne qu'en 1977. Nuit est de nouveau publié en Allemagne en 1978. Entre-temps, des auteurs comme Heinrich Böll et Günther Grass ont salué l'oeuvre d'Edgar Hilsenrath.
Lauréat du prix Alfred-Döblin. Écrivain désormais reconnu, celui-ci reçoit en 1989 la plus prestigieuse récompense littéraire allemande: le prix Alfred-Döblin, pour son livre Le conte de la dernière pensée où il compare le génocide arménien à la Shoah. On lui doit également, Orgasme à Moscou (1979), Fuck America (1980) ou encore Le retour au pays de Jossel Wassermann (1993). En 1997, il avait publié le roman faisant la synthèse de toutes ses expériences: Les aventures de Ruben Jablonski. Son ultime livre, Terminus Berlin, a été publié en Allemagne en 2006 et doit sortir en France en février.