Le chorégraphe Philippe Decouflé. 2:04
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Aurélie Dupuy
Le danseur et chorégraphe, invité de l'émission "En balade avec", a partagé sa joie d'avoir chorégraphié la cérémonie d'ouverture des JO d'Albertville 1992. Et regrette désormais une débauche de moyens dans le même type d'événements.
INTERVIEW

L'année 1992 est celle où Philippe Decouflé est devenu un personnage connu du grand public. Cette année-là, le chorégraphe, dont le spectacle Tout doit disparaître ouvrira la saison 2019 du théâtre de Chaillot, est choisi pour chorégraphier la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'Albertville. Frédéric Taddéï l'a rencontré dans la ville de Saint-Denis où est installée sa compagnie de danse. Pour l'émission En balade avec, l'artiste a évoqué ces souvenirs de l'événement, l'un des premiers a être orchestré comme un spectacle à part entière.

"J'ai comme lancé une mode, malgré moi"

De sa cérémonie, Philippe Decouflé ne voit que du positif : "J’en garde un très bon souvenir. J’avais 30 ans à l’époque. C’était vraiment une chance énorme que de se trouver en charge d’un grand spectacle comme celui-là", explique-t-il en préambule, conscient déjà à l'époque de l'ampleur du projet. D'autant que le chorégraphe a changé la donne : "Jusqu’à mon spectacle, l’ouverture des Jeux Olympiques, c’était une série de formalités – défilé des athlètes, remise des drapeaux, etc. – Il y avait en Chine des spectacles avec mille Chinois qui font la même chose, etc. Mais j’ai comme lancé une mode, malgré moi, de la cérémonie d’ouverture qui montre la créativité du pays", explique-t-il.

Qui dit Albertville, dit JO d'hiver. La commande qui lui est faite est alors simple et logique : "Je me suis vraiment amusé, j’ai travaillé sur les sports d’hiver, sur la beauté du geste sportif. C’était ça la commande. J’étais très libre." L'artiste se sert d'ailleurs de son propre parcours pour donner corps à ses idées. Car trois ans plus tôt, Philippe Decouflé assistait Jean-Paul Goude pour le défilé du bicentenaire de la Révolution, un autre grand moment. "J’ai pu voir comment on dirigeait un énorme événement, ce qui fait que quand ça m’est tombé dessus, j’étais moins effrayé", se souvient le chorégraphe.

Si son expérience l'a marqué en positif, la suite des cérémonies olympiques a moins trouvé grâce à ses yeux. De son propre aveu, il a regardé "une partie des deux suivantes puis a laissé tomber", peu intéressé. Il s'explique : "J’avais fait un truc énorme, complexe, cher. Après, il y a eu une espèce de surenchère. C’est devenu bling-bling. Comme si l’essence qui nous avait nourris s’était perdue en cours de route et que seuls les strass étaient restées", décrit-il.

En comparaison, il rappelle ce qui l'avait motivé à l'époque : "Je pense que dans ce qu’on a fait, il y avait une réel désir, une émotion, l'envie de montrer toute la création française underground que je connaissais très bien depuis les années 1980. Il y avait des artistes fabuleux, j’avais un costume génial et j’étais conscient de la chance qui m’était donnée de montrer ça à grande échelle tout d’un coup. Il y avait beaucoup d’amour et ça reste pour moi une expérience mémorable, extraordinaire, comme une bulle", conclut-il.