Quand deux comédiens ratés et surtout rivaux se retrouvent au même casting, cela donne une situation pour le moins embarrassante. C'est le sentiment que ressentent les spectateurs de la pièce "Les pigeons", entre deux pouffées de rire face à des personnages inconsciemment puérils. Écrite par Michel Leeb, l'œuvre se veut auto-dérisoire et met en scène un grand nom de la Comédie -Française, Francis Huster. Et pour lui donner la réplique, c'est Michel Leeb lui-même qui joue l'un des deux comédiens en quête de réussite.
"Serge, mais qu'est-ce que tu fous là ? - Je suis là pour le casting moi. - Bah moi aussi !", se renvoient les deux personnages principaux, Serge et Bernard, comme une partie de ping-pong. À la fois contents et légèrement déçus de se voir au même endroit pour la même raison, les amis de longue date parviennent difficilement à cacher leur désillusion.
Une pièce au "quatrième degré"
"Je ne voulais pas qu'on se prenne au sérieux et je ne voulais pas que l'histoire soit prise au sérieux, puisqu'elle est complètement au troisième degré. Je dirais au quatrième degré, même", explique le scénariste, adepte de la caricature. Rattrapés par leur frivolité, les deux personnages se retrouvent dans un huis clos qui a tout l'air d'une vengeance. Ils sont alors les dindons de la farce, ou plutôt les pigeons. Mais les coups de théâtre sont nombreux et le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer.
Pour Francis Huster, les spectateurs occupent un rôle important : "Il y a les acteurs sur scène, mais il y a aussi le public qui joue la pièce. Il y a un lien direct avec le public, qui joue la pièce en même temps que nous. C'est très, très étonnant". Le comédien se plaît à jouer la pièce de son ami, avec qui l'entente est aussi bonne sur scène que dans les coulisses du Théâtre des Nouveautés.