La vente aux enchères de quelque 3.000 objets de la célèbre table La Tour d'Argent, des timbales aux spiritueux en passant par une "presse à canard", a atteint plus de 720.000 euros, dépassant largement les attentes du restaurant parisien.
Estimation initiale : 400.000 euros. Cette vente de deux jours chez Artcurial s'est achevée mardi soir avec un résultat de 725.457 euros (frais inclus), soit bien plus que l'estimation initiale de 400.000 euros. Au total, 99% des 670 lots passés sous le marteau des commissaires-priseurs François Tajan et Stéphane Aubert ont été vendus, et 51% du volume des ventes est réalisé par des acheteurs étrangers, selon Artcurial.
Une "presse à canard" vendue 40.200 euros. Lundi, une presse en métal argenté Christofle utilisée pour préparer le "canard au sang", recette emblématique de l'établissement, a été vendue 40.200 euros, soit environ dix fois son estimation. La vente mardi des spiritueux issus de la prestigieuse cave du restaurant a totalisé 163.150 euros. Trois bouteilles d'un cognac Clos du Griffier datant de 1788 ont été acquises par un même collectionneur étranger. Elles se sont vendues pour l'une 26.000 euros et pour les deux autres 23.400 euros. "D'après David Ridgway, sommelier de la Tour d'Argent, ce spiritueux est encore étonnamment jeune", indique Artcurial, précisant que "la mise en bouteille daterait des années 1930".
Un résultat "spectaculaire, intimidant et touchant". "Ce résultat bien au-delà de nos attentes est spectaculaire, intimidant et touchant je dirais même. C'est toute l'affection de nos amis, de nos clients, de nos artisans et des collectionneurs du monde entier que je ressens", a commenté dans un communiqué le propriétaire de l'établissement, André Terrail. "C'est une grande fierté pour moi et mes équipes d'écrire les prochaines pages de l'histoire de la Tour !", a-t-il ajouté.
Sculptures, paravents, carafes et menus. Deux sculptures emblématiques du restaurant, "le canardier" et "le rôtisseur", ont atteint respectivement 20.800 et 18.900 euros. Un paravent de Bernard Cathelin, "roses blanches pour Paris" est parti à 7.100 euros. Plusieurs pièces iront rejoindre les collections du Musée Carnavalet à Paris, qui a acquis des menus, des carafes, des verres à l'effigie du restaurant, ainsi que des assiettes commémoratives. Les 3.000 objets dispersés étaient issus des collections de la Tour d'Argent et de la famille Terrail, propriétaire depuis le début du XXe siècle de cet établissement réputé avoir été fondé en 1582.
Rajeunir son image. Ce restaurant mythique à la vue panoramique sur la Seine et le chevet de la cathédrale Notre-Dame, dirigé depuis 2006 par André Terrail, a entrepris de rajeunir son image et vient de nommer à la tête de ses cuisines Philippe Labbé, qui propose depuis le 3 mai une nouvelle carte. Le chef revisite les classiques de la maison, avec l'objectif de reconquérir rapidement une deuxième étoile perdue en 2006. Le restaurant était triplement étoilé jusqu'en 1996. Fin 2009, une précédente vente aux enchères de 18.000 vins et spiritueux du restaurant, par la maison Piasa, avait rapporté 1,5 million d'euros.