Célèbre pour avoir tenu "Chez Michou", l'un des cabarets les plus célèbres de Montmartre pendant plus de 60 ans, Michel Catty, alias Michou, décédé dimanche à l'âge de 88 ans, n'a pourtant pas toujours vécu dans l'univers festif parisien. En février dernier, dans l'émission Hondelatte raconte sur Europe 1, Christophe Hondelatte avait retracé le parcours depuis l'enfance de l'homme en bleu, en sa compagnie. Une vie marquée par la guerre et les remarques blessantes sur son homosexualité, objet de l'autobiographie de Michou, Le Prince bleu de Montmartre. "Entendre des balivernes comme j'ai entendu, c'était vraiment couillon (...) J'en ai entendu des choses, ça m'a fait de la peine", déclarait Michou sur Europe 1 à propos des remarques homophobes qu'il subissait lors de ses premiers emplois dans des usines.
Mais à cette époque, le jeune Michou peut compter sur le réconfort de sa mère. "Quand j'ai avoué à ma mère : 'Tu sais maman, je vais te faire un confidence, je ne suis pas attiré par les dames, je suis homosexuel certainement.' Ma mère m'a regardé et m'a dit : 'Michel, est-ce que tu es heureux ?' J'ai répondu que oui. 'Eh bien si tu es heureux, moi je suis heureuse' ", avait-il raconté à Christophe Hondelatte.
"J'ai eu du chagrin"
Son enfance est marquée par un exode en Bretagne à cause des combats de la Seconde Guerre mondiale, puis par son retour à Amiens, en juin 1940. Malgré la peur des Allemands, il garde sa bonne humeur et amuse la galerie à l'école. C'est à cette période, des décennies avant ses premiers spectacles transformistes, que Michou semble prendre goût à la fête. Il se déguise avec les rideaux, les vieilles robes de sa grand-mère et fait des parodies. Sur son temps libre, il va voir des "cabotans", spectacles de marionnettes à fils donnés dans des théâtre ambulants. Et il va jusqu'à improviser des spectacles de marionnettes à la maison, dont il fait payer l'entrée.
Le 13 août 1944, il a 13 ans lors de la libération d’Amiens et est fasciné par les Américains. Il se souvient d'un soldat, David, très gentil avec lui. "Ce garçon m'attirait et lorsqu'il a quitté Amiens j'ai eu du chagrin", se souvenait Michou dans Hondelatte raconte. Une rencontre qui, disait-il, a été une première prise de conscience de son homosexualité.
"Je n'aurais pas ce bonheur, je serais malheureux"
Pour Michou, le déclic viendra en 1949, avec sa découverte de Paris où il créé son cabaret "Chez Michou". En février sur Europe 1, il disait être à la réception de son établissement, "assis" dans l'entrée, "tous les soirs, c'est ma vie".
De son occupation favorite, Michou retenait "ces gens qui viennent vers [lui] avec tellement de gentillesse". "Je n'aurais pas ce bonheur, je serais malheureux", expliquait-il, avant d'ajouter : "Le jour où je vais partir pour ce grand voyage, je veux que ce soit un souvenir, que les gens qui passent dans la rue se disent : 'C'était là chez Michou'."