Personne ou presque ne l'a encore lu et pourtant, le quatrième tome de Millénium est déjà entouré d'un parfum de scandale. Il faut dire que ce pavé de 500 pages intitulé Ce qui ne nous tue pas a été écrit onze ans après la mort du Suédois Stieg Larsson, créateur de la saga au succès foudroyant parue entre 2005 et 2007, un projet initié par les héritiers de l'auteur, son frère et son père. A l'écriture de cette suite : David Lagercrantz, surtout connu pour avoir rédigé l'autobiographie du footballeur Zlatan Ibrahimovic. Problème : certains accusent Norstedts (la maison d'édition), les héritiers et David Lagercrantz de se servir dans le nid de la poule aux œufs d'or. Au premier rang des détracteurs, Eva Gabrielsson, compagne pendant 32 ans de Stieg Larsson, écartée de la succession car elle et l'auteur à succès décédé en 2004 d'une crise cardiaque à 50 ans, n'étaient pas mariés. Dans le quotidien danois Dagens Nyheter, des amis d'enfance de Stieg Larsson sont allés jusqu'à évoquer "le pillage d'une tombe".
Communication verrouillée. La maison d'édition a largement verrouillé la communication, et le livre de 500 pages n'a pu être lu que par un très petit nombre de journalistes. Pour l'écriture même du roman, toutes les précautions ont été prises. L'auteur a utilisé un ordinateur sans Internet pour donner une suite aux aventures des deux héros du livre, Lisbeth Salander, hacker surdouée, et Mikael Blomkvist, journaliste d'investigation. Une multitude d'accords de confidentialité ont été signés, et aucun entretien réalisé avec David Lagercrantz ne pourra être diffusé avant le jour de parution, le 27 août prochain. Des mesures qui n'ont pas plu à toute la presse. Rejoignant la cohorte des voix critiques du projet, le quotidien de référence danois Politiken a ainsi annoncé mardi qu'il n'ouvrirait pas ses colonnes à l'auteur du quatrième tome de cette trilogie à succès, n'ayant pas eu accès au roman.
L'écrivain David Lagercrantz comprend les journalistes. Lui-même journaliste, l'écrivain controversé David Lagercrantz a donc pris la parole mardi pour dire qu'il comprenait la décision du journal danois de le boycotter. Le quotidien régional Göteborgs-Posten rapporte que David Lagercrantz avait lui-même qualifié la situation "d'absurde"."Je suis du côté des journalistes là-dessus. J'ai moi-même un passé de reporter et je suis habitué à être de votre côté de la barrière. Je serais moi-même bien emmerdé pour savoir si j'aurais accepté ces conditions-là", a-t-il dit.
La directrice de l'éditeur Norstedts, Eva Gedin, a préféré évoquer dans les colonnes du quotidien suédois Dagens Nyheter des mesures très restrictives pour "des raisons de sécurité", craignant des fuites ou un piratage.
Ce qui ne nous tue pas doit sortir dans 25 pays jeudi, puis aux États-Unis le 1er septembre. Les trois premiers tomes de la saga se sont vendus à 80 millions d'exemplaires dans plus de 50 pays.