Incontestablement, François Mitterrand fut l'homme politique de qui Jean d'Ormesson était le plus proche. "La fascination que le pouvoir pouvait exercer sur Jean d'Ormesson, et à l'inverse la fascination que les écrivains pouvaient exercer sur François Mitterrand, tout cela a fait qu'ils ont progressivement noué des rapports de complicité, de débat et de confiance", relate sur Europe 1 Jack Lang, ancien ministre de François Mitterrand, à propos de l'écrivain et académicien décédé dans la nuit de lundi à mardi.
Le fameux petit-déjeuner de mai 1995. "La preuve finale (de cette proximité), c'est le dernier petit-déjeuner que François Mitterrand a pris à l'Élysée. Qui a-t-il invité pour le partager ? Jean d'Ormesson", raconte Jack Lang, pour qui il y avait chez l'académicien "une violence, une véhémence et une combativité de jeune homme". Ce 17 mai 1995, Jean d'Ormesson prend donc le petit-déjeuner avec le président de la République, qui s'apprête à transmettre le pouvoir à Jacques Chirac. "Entre thé, confitures et discussion à bâtons rompus sur 'la maladie des hommes d'État', Jean d'Ormesson aborde l'affaire Bousquet. L'automne précédent, le journaliste Pierre Péan a révélé que François Mitterrand a conservé jusqu'au soir de sa vie des relations d'amitié avec René Bousquet, ancien secrétaire général de la police de Vichy", rapporte Libération en 1999.
Mitterrand injustement mis en cause. "'Beaucoup reprochent au Président les liens qui l'unissent à ce personnage qui a joué un rôle important dans la collaboration avec l'Allemagne hitlérienne, écrit Jean d'Ormesson. François Mitterrand m'écoute sans irritation apparente. Et il me regarde. 'Vous constatez là, me dit-il, l'influence puissante et nocive du lobby juif en France'. Il y a un grand silence"." Pour Jack Lang, cette polémique n'a pas lieu d'être : "Il fallait la relier à une série de controverses dans laquelle François Mitterrand a été injustement mis en cause", explique-t-il aujourd'hui.