Agnès Varda, "c'était un œil, une vivacité extraordinaire, qui va beaucoup manquer au cinéma français." Au micro d'Europe 1 vendredi midi, Serge Moati ne cache ni son émotion, ni son admiration pour la cinéaste française, disparue dans la nuit à l'âge de 90 ans.
"Une telle fantaisie, une telle justesse…" Dans les années 1980, Serge Moati, alors patron de France 3, avait produit une série diffusée sur la chaîne publique, où Agnès Varda commentait chaque semaine une photographie. "Elle le faisait avec un tel humour, une telle fantaisie, et en même temps une telle justesse… Car au départ, c'était une immense photographe", rappelle le journaliste.
Pour l'équipe de tournage, être auprès de cette grande dame des arts était "un paradis." "Elle nous entraînait à regarder ce qu'était vraiment une belle photo."
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"Une formidable liberté de ton". Sujet récurrent de ses clichés : la rue Daguerre, dans le 14ème arrondissement de Paris, où Agnès Varda vivait depuis les années 1950. "Elle a fait un film formidable qui s'appelle Daguerréotypes. Elle avait traîné dans cette rue, elle avait aimé passionnément cette rue, elle avait filmé les commerces… Et elle se laissait aller à sa rêverie. C'était une femme dont l'imagination a été au centre de sa création", souligne Serge Moati, qui fut aussi marqué par le film Cléo de 5 à 7. "Je l'ai vu dix fois, quinze fois ! C'était un film bouleversant, d'une formidable liberté de ton !"
Surtout, ce qui lui restera en mémoire, c'est la personnalité si attachante d'Agnès Varda. "Quand elle disait 'je suis une vieille', ça me bouleverse, car elle était tout sauf une vieille. Elle ne se prenait jamais, jamais, jamais au sérieux." À 90 ans et après cette vie pleine de couleurs, Agnès Varda "est allée rejoindre son mari Jacques Demy au paradis des cinéastes."