Alors que La belle époque, son deuxième film en tant que réalisateur, attire les foules dans les salles sombres depuis mercredi, et que certains personnages semblent inspirer de l'entourage de Nicolas Bedos, l'artiste s'est confié sur son enfance au micro d'Europe 1. Dans l'émission Il n'y a qu'une vie dans la vie, il a évoqué la façon dont les amis de ses parents, son père et sa sœur, ont influencé sa vie.
"J'ai eu beaucoup de chance. Je rechigne à en parler car tout le monde n'a pas du tout la chance que j'ai eu d'avoir des espèces de directeurs et directrices de conscience", reconnaît Nicolas Bedos. Parmi les amis de ses parents, figuraient par exemple le scénariste Jean-Loup Dabadie et l'avocate militante féministe Gisèle Halimi.
"Je suis passé un peu à côté de l'insouciance durant mon adolescence"
"Gisèle, notamment, m'a beaucoup emmené au cinéma, au théâtre, me faisait lire des livres. C'était d'ailleurs parfois un peu étouffant, un peu chiant car elle m'emmenait voir des films de Mike Leigh, de Ken Loach, à un âge où j'avais plutôt envie de retourner voir Retour vers le futur 2. Et puis après, il fallait que je m'exprime dessus", se souvient-il. Dans La belle époque, une des meilleures amies de Marianne, jouée par Fanny Ardant, s'appelle d'ailleurs Gisèle.
"Je suis passé un peu à côté de l'insouciance durant mon adolescence. Mais aujourd'hui, je ne peux pas trop parler de tous ces personnages inouïs qui ont traversé le salon de mes parents parce que j'ai un peu honte", confie le réalisateur.
"Une sorte de théâtre des rapports familiaux, humains et sociaux"
Car face à lui, "comme un miroir", il y avait sa demi-sœur, Mélanie, de deux ans son aîné, fille de l'acteur Guy Bedos et de la comédienne Sophie Daumier, qui vivait dans un milieu social moins attrayant que le sien. Une sœur qui lui a fait comprendre que la vie est une tombola. "Cela a tout déterminé", répète Nicolas Bedos à plusieurs reprises. "Ce sont des organisations de vie. D'ailleurs, personne n'est fautif dans toute cette histoire et tout le monde l'est un peu. Mais c'est compliqué", résume-t-il.
Le réalisateur du troisième opus d'OSS 117 explique : "Moi, ça m'a offert une sorte de théâtre des rapports familiaux, humains et sociaux un peu plus sophistiqué que j'aurais aimé le vivre à cet âge-là. Il y avait quelqu'un qui n'avait pas exactement le même traitement de la vie. C'est quelque chose dont je parlerai un jour, avec lequel je ferai peut-être du cinéma, et une comédie même ! On a quelqu'un sous les yeux qui est un peu soi et qui n'est pas soi. Peut-être que tout le monde devrait vivre ça, pour non pas culpabiliser, mais savoir la chance qu'on a."
"Je suis né dans un milieu favorisé parmi des gens très cultivés, très aimants"
Selon lui, "il y a des élus socialement, sentimentalement, esthétiquement. La vie est une incroyable injustice". Nicolas Bedos reconnaît avoir eu la chance de naître "dans un milieu favorisé parmi des gens très cultivés, très aimants" avec un père - Guy Bedos - plus âgé que la moyenne. Il s'estime d'ailleurs chanceux d'avoir été "le confident de cet homme beaucoup plus âgé et à la fois très jeune dans sa tête, très séduisant, très en forme, très vif et beaucoup plus marrant que beaucoup de pères de 30 ans de moins".
"Si je n'avais pas eu la chance de recueillir les récits de ces années 50, 60, 70, je ne ferais pas les films que je fais", constate-t-il. Et d'ajouter : "Je n'ai pas d'enfants et je ne suis pas malheureux à l'idée d'en faire à un âge relativement mûr parce que j'aurais beaucoup à leur donner."