Dans Suzanne, le film de Katell Quillévéré, Paul Hamy incarnait le petit-ami un peu voyou, un peu tête brûlée, qui entraîne l'héroïne amoureuse (Sara Forestier) dans sa cavale. L'acteur franco-américain de 33 ans, venu au cinéma par hasard, a aussi joué l'amant d'une nuit de Catherine Deneuve dans Elle s'en va, d'Emmanuelle Bercot, un rôle qui lui a valu d'être nommé Meilleur Espoir Masculin. Actuellement à l'affiche d'Un Français, dans lequel il incarne cette fois un skinhead, Paul Hamy est le nouvel acteur qui monte.
A l'instinct. Paul Hamy n'a jamais fait de théâtre. Cet autodidacte le dit lui-même, il est "arrivé par hasard dans le cinéma français", au fil des castings de mannequinat. Katell Quillévéré, la réalisatrice de Suzanne, l'a rencontré à l'occasion d'un casting sauvage, raconte-t-elle à Europe 1. "C'est un ami de mon producteur qui l'a repéré lors d'une audition organisée pour un défilé". Devenu acteur, ce garçon "atypique, avec beaucoup de personnalité" tourne d'abord avec deux femmes, Emmanuelle Bercot puis Katell Quillévéré, qui lui offrent coup sur coup deux rôles de mauvais garçon séduisant. Des personnages qui lui valent un temps d'être surnommé "le nouveau bad guy" du cinéma français par certains médias. Lui n'a pas l'air d'aimer les étiquettes, ni de vouloir s'enfermer.
"Un nouveau physique" pour le "cinéma français". Il faut dire que Paul Hamy a ce savant mélange d'une vraie gueule, de la voix douce et de l'énergie farceuse. "C'est quelqu'un qui apporte un nouveau physique au cinéma français", confirme Katell Quillévéré. Pour la réalisatrice, l'acteur a "une gueule de cinéma, un corps de cinéma" et même, d'une certaine façon, "un physique hollywoodien". Quand il joue, c'est instinctif. On dirait qu'il prend son temps. Un geste, un regard, un silence bien placé, une intonation bien sentie, tout est dit. "Dès que j'ai filmé, il s'est passé quelque chose", raconte encore la réalisatrice d'Un poison violent. Paul Hamy considère le cinéma comme "une succession d'instants dont chacun est vécu sans penser à l'ensemble", confie-t-il à Europe 1. "Quand je joue, je joue chacun de ces moments-là", explique-t-il. Pour ce qui est de l'essence de ses personnages, de leur personnalité, il en discute avec les réalisateurs, qui l’entraînent dans leur sensibilité. "J'ai envie d'être dans le geste d'un réalisateur", précise encore l'acteur qui aime "s'appuyer" sur des cinéastes aux "idées fortes". Après, vient le lâcher prise.
Il peut "s'ancrer dans plein d'histoires différentes". A l'affiche d'Un Français depuis mercredi, Paul Hamy joue Grand-Guy, un skinhead. Mais il incarne son personnage de grand violent en laissant, comme à chaque fois, entrevoir l'enfant. Après avoir torturé un Noir jusqu'à le tuer en lui faisant avaler du 'Destop', son personnage se repent, derrière les barreaux, avec la moue étonnée d'un gosse surpris en train de mal faire. Et ça passe. Paul Hamy a cette manière de façonner son personnage, de lui donner une étoffe insoupçonnée, mais toujours en laissant l'impression, paradoxalement, d'en faire peu. "Il y a dans son jeu une part d'enfance avec en même temps du vécu", résume Katell Quillévéré qui le sait capable de "s'ancrer dans plein d'histoires différentes".
Diastème, le réalisateur d'Un Français, l'a justement repéré dans Suzanne, pour "son physique impressionnant", confie-t-il. Mais aussi parce que l'acteur "possède à la fois une énorme force et une très grande douceur. Il a quelque chose d’un enfant fou, et on a travaillé ce côté-là en lui".
Depuis ses débuts au grand écran en 2014, Paul Hamy a enchaîné six films. Il sera notamment le 30 septembre à l'affiche de Maryland, avec Matthias Schoenaerts et Diane Kruger et de Mon Roi, le film de Maïwenn, le 21 octobre.