C’est un livre qui symbolise les heures les plus violentes de l’Europe. La réédition de Mein Kampf [Mon combat] d’Adolf Hitler, qui tombera dans le domaine public le 1er janvier 2016, peut-elle inciter à la haine ? Pour son traducteur français Olivier Mannoni, qui a planché pendant deux ans sur l'ouvrage, il est "urgent de l’analyser, de comprendre comment il fonctionne".
Des thèmes "actuels". Ce texte "a des conséquences intellectuelles qui continuent à exister aujourd’hui", développe-t-il mardi sur Europe 1. Le traducteur, choisi par les éditions Fayard qui publieront une version largement commentée de l’ouvrage en janvier, évoque des "thèmes actuels et actifs" dans la société : "le complotisme, des idées comme l’invasion bactérienne, la crainte de la contamination par l’étranger et par l’autre". Fayard ne gagnera aucun argent avec la vente de Mein Kampf dont les bénéfices seront reversés à une association.
Important pour les historiens. Olivier Mannoni voit son travail comme "une réflexion sur la nature du langage, qui a eu des conséquences dramatiques". "C’est parce qu’un texte aussi violent a été publié qu’on a eu cette idéologie. C’est un document sur la manipulation du langage", ajoute-t-il. Il estime que traduire correctement Mein Kampf et rendre tel quelle "la pensée incohérente, brouillonne" d’Hitler est essentiel pour les historiens et tout ceux qui cherchent à comprendre l’horreur du nazisme.
Un ouvrage "pervers". "Il m’est arrivé de fermer le livre pendant un mois tellement je n’en pouvais plus, tellement c’était insupportable", relate celui qui a traduit pléthore d’ouvrages nazis et sur le national-socialisme. Olivier Mannoni avoue avoir pleuré à la lecture de textes sur la médecine nazie, qui faisait de terribles expériences sur les déportés. Pour lui, le livre d’Hitler est "intellectuellement insupportable", "déviant" et "pervers".