À 13h précises jeudi, au restaurant Drouant à Paris, sera annoncé le nom du lauréat du Goncourt, le plus convoité des prix littéraires du monde francophone, pour lequel sont en lice quatre auteurs dont deux femmes et un primo-romancier.
Registre sombre. Les thèmes des quatre œuvres en lice pour le Goncourt appartiennent à un registre sombre : infanticide pour Leïla Slimani, suicide pour Catherine Cusset, cannibalisme pour Régis Jauffret et génocide pour Gaël Faye.
Slimani, la favorite… Au jeu des pronostics, forcément hasardeux, c'est la jeune romancière franco-marocaine Leïla Slimani qui semblait être la favorite pour succéder à Mathias Enard. Son roman Chanson douce, publié chez Gallimard, histoire atroce et extrêmement bien construite, raconte l'assassinat de deux jeunes enfants par leur nourrice. Deuxième roman seulement de l'écrivaine, née au Maroc, il se dévore comme un thriller mais peut aussi se lire comme un livre implacable sur les rapports de domination et la misère sociale. Les dix membres du jury présidé par Bernard Pivot aiment cependant déjouer tous les paris.
… mais trois outsiders en embuscade. Si Slimani manque le coche, quelles sont les chances des uns et des autres ? L'autre qu'on adorait de Catherine Cusset se présente comme un hommage à son ami Thomas Bulot qui s'est suicidé un jour d'avril 2008 à 39 ans. Le livre, qui n'est pas une fiction, a divisé la critique mais la romancière, âgée de 53 ans et qui dans le passé a remporté le Goncourt des lycéens, a derrière elle une oeuvre importante qui pourrait séduire le jury Goncourt. Régis Jauffret 61 ans, fait figure d'outsider et compte lui aussi une oeuvre imposante. Cannibales, publié chez Seuil, est un livre "à s'en lécher les babines", a estimé Bernard Pivot dans une de ses chroniques littéraires du JDD. Porté par une écriture très 18e siècle, peut-être sa grande force et sa plus grande faiblesse, ce recueil rapporte une correspondance entre deux femmes machiavéliques discutant le meilleur moyen d'en finir avec un homme.
Le dernier larron est le primo-romancier Gaël Faye, 34 ans, figure montante de la scène rap française. Petit pays, publié chez Grasset, qui retrace sur son enfance au Burundi, a déjà été récompensé par le prix du roman Fnac. Par rapport à ses rivaux, son récit est celui qui se vend le mieux. L'académie Goncourt osera-t-elle récompenser un primo-romancier? Pourquoi pas même si c'est rare !