Depuis vingt ans, le "Chantier des Francofolies" a pour mission de "découvrir les nouvelles tendances de la scène musicale française et d’accompagner les artistes au démarrage de leur carrière". Suzane, Christine and The Queens, Aloise Sauvage ou encore BigFlo et Oli en ont bénéficiés. Le but ? Passer une ou plusieurs semaines complètes à la Rochelle pour travailler sur son live, apprendre à canaliser sa voix et même, connaître les aides financières dont un artiste a le droit.
"Donner des clés générales"
Mais entre-temps, la pandémie est passée par là, avec sa disette de concerts. D’habitude, lorsqu’un artiste débute sa carrière, il enchaîne les concerts pour se faire connaître ; en première partie d’autres artistes, puis dans des petites salles, avant d’être lui-même en tête d’affiche. Avec la pandémie et sa disette de concerts, c’est raté pour Johnny Jane, November Ultra et Lonny, qui étaient en formation à la Rochelle lorsqu’Europe 1 y était.
Il a fallu réorganiser cette édition particulière du "Chantier des Francos", explique à Europe 1 Emilie Yakich, directrice de l’Action culturelle : "Notre rôle, cette année, a surtout été de donner des clés générales aux artistes pour qu’ils puissent adapter leur façon de faire leur concert en fonction de leur processus de création." Par exemple, la chanteuse November Ultra a travaillé pendant une semaine sur un concert.... à présenter quand elle le pourra.
Mais en attendant qu’ils reviennent, ce qu’elle aura envie de montrer, de chanter, aura pu évoluer ! Le but de l’édition 2021, donc, est de contourner cette contrainte. Car la façon de se tenir sur scène, quoi dire entre chaque chanson ou comment avoir confiance en soi - ce qu’elle aura appris pendant cette semaine de formation - ne changera pas.
"On n’a jamais été dans un canal aussi direct entre faire de la musique et la sortir"
Parmi les autres artistes présents cette année, il y a le groupe Lonny. Sur la scène du Chantier des Francos la semaine où Europe 1 s’y est rendue, ils répètent face à Adrien Leprêtre et Jean-Noël Scherrer, eux-mêmes artistes. "Maintenant, jouez ensemble, regardez-vous, kiffez !", leur lance ce dernier. "Mais est-ce que ce que tu appelles ‘attaquer’ c’est jouer fort ?", rétorque la bassiste. A quelques mètres, dans une maison sur les remparts, près de la mer, la chanteuse November Ultra travaille sur sa voix avec Hildebrandt, un autre artiste et formateur. "Tu assumes la souveraineté que tu dois avoir sur scène", lui dit-il. Cette dernière n’en est qu’au début de sa carrière. Et à cause de la pandémie, elle n’a pas pu rencontrer son public ni se faire connaître.
Son salut ? Les réseaux sociaux : "On n’a jamais été dans un canal aussi direct entre faire de la musique et la sortir. Moi par exemple, je n’ai pas de label, si je décide que je veux sortir demain une chanson sur Spotify, je peux". Résultat, le nombre de personnes qui la suivent sur les réseaux sociaux a monté en flèche pendant tous les confinements. Avec seulement deux titres sortis et sans avoir fait de concerts, elle cumule déjà plus de 10 000 abonnés sur Instagram.