Le philosophe Michel Serres est décédé samedi à l'âge de 88 ans. Écrivain et historien des sciences, ce membre de l'Académie française s'est intéressé à toutes les formes du savoir, scientifique comme littéraire, anticipant les bouleversements liés aux nouvelles technologies de la communication. Surtout, il savait manier tous les styles, académique et grand public, ce qui en faisant un auteur accessible, et intéressant, pour le plus grand nombre.
"Ce qui est étonnant, avec Michel Serres, c'est que son travail embrasse un spectre considérable, de l'université la plus stricte, la plus rigoureuse, aux livres les plus grand public", salue au micro d'Europe 1 le philosophe Raphaël Enthoven, lui aussi connu pour ses travaux de vulgarisation.
"Il imaginait sa disparition comme Tintin disparaît"
"Michel Serres écrit en 1964 un livre magistral, qui s'appelle Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques. Un live extrêmement difficile, que l'on lit quand on prépare l'agrégation. Et c'est le même homme qui, cinq ans plus tard, écrit Petite poucette, que chacun peut lire. Il avait ce talent de dire simplement des choses compliquées", poursuit Raphaël Enthoven.
"Il était très éclectique", enchaîne de la philosophe. Et de souligner, notamment, l'attrait de l'académicien pour un célèbre héros de Bande dessinée, qui l'a beaucoup inspiré. "C'était un excellent connaisseur de Tintin. Et pour une raison très particulière, il imaginait sa disparition comme Tintin disparaît, d'un coup de pagaie, dans l'Oreille cassé, dans un fleuve infesté de piranhas. Il y a une case où l'on voit Tintin et puis la case d'après on voit des ronds dans l'eau. Et Michel Serres disait 'voila, c'est comme ça que je vais mourir. Une case on me verra, et la case d'après on verra des ronds dans l'eau'".