Une rétrospective bouleversante dans le temple du noir et blanc. Raymond Depardon présente plus 70 photos à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris, jusqu'au 17 décembre. Une exposition autour de quatre axes - la terre natale, le voyage, la douleur et l'enfermement - qui résume son parcours de photographe.
"J'ai eu la chance d'avoir une enfance assez heureuse". L'exposition débute là où tout a commencé, là où Raymond Depardon a grandi. "J'ai eu la chance d'avoir une enfance assez heureuse dans une ferme de la vallée de la Somme. Cette ruralité, cette quintessence française, m'a accompagné tout au long de ma vie et cela continue", explique le photographe au micro d'Europe 1. Au mur, des photos de la chambre de ses parents, des portraits de son frère et lui, bébé, en médaillon au-dessus de la tête de lit.
Ferme du Garet, la chambre des parents, 1984. En médaillon de gauche à droite, Jean et Raymond Depardon © Raymond Depardon / Magnum Photos
Du photojournalisme à l'artiste. Raymond Depardon est aussi un inlassable voyageur, véritable globe-trotter. D'abord l'Afrique, dans les années 1960, où il est au plus près des guerriers dans le désert, comme plus tard dans l'ombre des combattants en pleine guerre civile à Beyrouth. "Le voyage a été important pour moi car il m'a sauvé la vie. J'ai appris à voyager puis j'ai continué, en quittant tout doucement le photojournalisme", se souvient Raymond Depardon. Le photographe s'attaquera ensuite à de nouveaux défis. "J'ai commencé à photographier des gens dans la rue. C'était plus difficile que de prendre en photo le pape ou le Général de Gaulle", affirme-t-il.
Peshawar, Pakistan, 1978 © Raymond Depardon / Magnum Photos
L'artiste est aussi allé à la rencontre de ce que la société contient de plus tragique en photographiant la douleur et l'enfermement. Des photos implacables, d'une puissance d'évocation où tout le génie du cadrage de Raymond Depardon peut s'exprimer. Lors de la famine en Angola, il capte comme personne le regard des enfants qui se jettent sur le pain, comme si c'était de l'or. Pendant la guerre au Vietnam, il enregistre aussi le regard apeuré d'une mère et de sa fille.
>> "Traverser", de Raymond Depardon, du 13 septembre au 17 décembre à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris