A l'ère des centaines de programmes proposés par Netflix et du binge-watching, rien ne vaut un feuilleton… hérité des années 90 ? Tel semble être l'adage des studios Fox, qui ont annoncé mercredi le retour pour l'été d'une grosse partie du casting de Beverly Hills, 90210, dix-neuf ans après l'arrêt de la série. Réunis pour six épisodes inédits, les mythiques acteurs américains incarnant Brandon Walsh, Kelly Taylor ou encore Steve Sanders joueront des "versions romancées d'eux-mêmes" dans une intrigue entre fiction et réalité. "Que se passera-t-il lorsque les premières amours, les vieilles romances, les amis et ennemis se trouveront réunis, tandis que ce casting de légende tente de reprendre les choses là où il les a laissées ?", tease la Fox dans un communiqué. Manière de miser sur l'attachement du public à une série qui a marqué la culture populaire de plusieurs continents et laissé à des milliers d'enfants les prénoms de ses héros en héritage.
"Un attrait des gens qui se sont retrouvés dans ces personnages". "Ce puissant héritage fait partie de l'ADN de notre chaîne, avec des histoires fortes racontées nulle part ailleurs et des personnages hauts en couleurs", a justifié le responsable des divertissements de Fox Michael Thorn, cité par Le Figaro. "Nous sommes honorés de faire revenir ces acteurs tant appréciés du casting original" - deux des personnages principaux, Brenda Walsh et Dylan McKay, incarnés respectivement par Shannen Doherty et Luke Perry, ne seront toutefois pas de ce "remake".
"Cette stratégie joue sur une corde sensible : Beverly Hills est la madeleine de Proust de toute une génération", analyse pour Europe 1 Clément Combes, sociologue spécialiste des comportements autour des séries TV. "Avec X-Files, Friends et Urgences, la série fait partie du top de ce qui fonctionnait dans les années 1990 en France. Alors oui, il y a incontestablement un effet générationnel, un attrait des gens qui se sont retrouvés dans ces personnages."
Le précédent Twin Peaks, 25 ans après. "Dans les moments de compression du marché, où les producteurs sont plus frileux en matière de création, ils se tournent vers des productions qui ont déjà fonctionné", estime encore le spécialiste, rappelant que d'autres séries des années 1990 ont déjà connu des "remakes" aux succès divers. "Je me souviens par exemple de Twin Peaks (en 2017, vingt-cinq ans après les deux premières saisons, ndlr), on en a énormément parlé au moment où c'est revenu, et puis finalement, ça n'a pas été la grande série du moment."
Alors que la concurrence des feuilletons bat son plein, se retrancher derrière les "valeurs sûres" n'est donc pas forcément une stratégie gagnante. "Il faut se méfier de l'effet focalisateur des réseaux sociaux, le niveau d'attente n'est pas toujours satisfait", prévient Clément Combes. "Dans un premier temps, la série va se démarquer parce que les spectateurs vont reconnaître un nom, un visage. Mais cela ne garantit pas qu'elle trouve son public à terme."