Le phénomène est né aux Etats-Unis en 2009. Le "revenge-porn", ou vengeance porno consiste à publier des photos ou des vidéos intimes d'une personne sans son consentement, notamment à la suite d'un conflit ou d'une rupture, dans le but de l'humilier. Des documents souvent accompagnés des coordonnées de la personne, qui font ensuite le tour de la toile. Un tribunal d'Amsterdam a ordonné jeudi à Facebook de divulguer les coordonnées d'un auteur de "revenge porn". Cette personne a en effet publié anonymement des images à caractère sexuel impliquant une jeune femme de 21 ans.
Une vidéo intime mise sur Internet en janvier. La plaignante vit "un enfer", a confié son avocat, depuis la diffusion, en janvier, de cette vidéo remontant à 2011, la montrant en train de pratiquer une fellation à celui qui était son compagnon à l'époque. Ces images, enregistrées alors que la femme et son compagnon étaient encore mineurs, avait été retirées de Facebook peu de temps après sa publication, mais sont encore visibles sur internet. Vue des milliers de fois, la vidéo avait été retirée au bout d'une heure par Facebook.
Identité effacée ? Pour le réseau social; l'identification de l'auteur de cette publication compromettante serait compliquée, ses coordonnées n'étant plus disponibles, le compte ayant été "supprimé avant de recevoir une demande pour ces informations", assure un porte-parole du réseau social. Toutes les informations à son sujet auraient donc été retirées des serveurs, a-t-il précisé.
Ultimatum. Un argument qui ne semble pas avoir convaincu. Le tribunal d'Amsterdam vient en effet de donner raison à la jeune femme, obligeant Facebook à révéler, sous 14 jours, l'adresse IP (le numéro d'identification de tout appareil connecté à Internet) et l'identité de la personne en cause. Dans le cas contraire, un enquêteur indépendant sera chargé de l'investigation, à laquelle Facebook devra se soumettre, en facilitant l'accès à ses serveurs.
Pour Xavier Berne, journaliste pour le site "Next Inpact" sur l'actualité informatique, ce jugement est "tout sauf une surprise". "Facebook, comme Twitter, reçoivent très régulièrement des ordres judiciaires visant à permettre l’identification de leurs utilisateurs", précise le spécialiste. "Plus concrètement, les hébergeurs doivent alors fournir l’adresse IP correspondant à la ligne Internet utilisée par l’internaute en question. Les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) sont ensuite interrogés, pour voir à quel abonné cela correspond et un procès peut éventuellement reprendre, grâce à ces informations", précise-t-il. Parfois pourtant, "l’identification est un peu compliquée, Facebook étant accusé de traîner des pieds…", rappelle au passage Xavier Berne, citant l'exemple de la page Facebook polémique "Adopte un gitan". Aucune poursuite pénale n'avait été engagée, faute d'identification de l'internaute.
En attendant la divulgation des informations par le réseau social, ou à défaut le résultat de l'enquête indépendante, la jeune plaignante, elle, reste cloîtrée chez elle.