Malgré les menaces qui pèsent sur lui depuis la publication de son premier roman Gomorra, le journaliste-écrivain italien Roberto Saviano dépeint une nouvelle fois la mafia napolitaine dans son roman, Baiser féroce, paru jeudi (Gallimard). À l'occasion de cette sortie, il évoque au micro de Nikos Aliagas le fort sentiment anti-français qui règne en Italie, alimenté par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, et son parti d'extrême droite.
"Macron est tenu responsable de tout ce que [Salvini] n'est pas capable de gérer"
En février dernier, la France et l'Italie avaient connu un moment de tension autour des attaques verbales contre Emmanuel Macron de la part de deux dirigeants populistes italiens. Pour Robert Saviano, ces critiques ne sont qu'une question de responsabilité.
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"En ce moment, le sentiment anti-français est très fort en Italie car il faut toujours désigner un coupable : avant, c'était la faute des Allemands", rappelle l'écrivain qui fait lui-même l'objet de vives critiques de la part du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. "On leur reproche de décharger les migrants à la frontière avec l'Italie. Ils utilisent l'ancienne histoire de la France [en répétant qu'elle] abrite des terroristes italiens, qu'elle colonise encore l'Afrique, ce qui nous contraint à accueillir des migrants... Emmanuel Macron est tenu responsable de tout ce que [Salvini] n'est pas capable de gérer. La question des frontières est un thème grave mais à résoudre avec la diplomatie", assure-t-il.
Les migrants sont "le grand bouc émissaire" des problèmes de l'Italie
Quant à la question des migrants, centrale dans la politique intérieure et les relations avec la France, Robert Saviano estime qu'ils sont devenus "le grand bouc émissaire du chômage, de l'absence de vision économique. En Italie, il n'y a pas d'invasion de migrants mais c'est proclamé tous les jours. Je crois que Salvini compromet la démocratie italienne, en la transformant en quelque chose de semblable à la Hongrie de Viktor Orban", regrette l'écrivain.
"Je dis aux Français de regarder l'Italie, c'est leur futur"
Avec la perspective des élections européennes de mai qui se profilent, l'écrivain craint que les gauches, notamment italiennes, ne soient pas capables de se montrer suffisamment crédibles pour contrer les populistes. "Les droites les plus nationalistes sont en hausse en Italie, la situation est très compliquée. Je dis aux Français de regarder l'Italie, c'est leur futur. Un jour, ils auront aussi un ministre qui porte l'uniforme de la police comme ça arrive chez nous", prédit Roberto Saviano.