La vie de Roman Polanski suit un parcours de montagnes russes, avec ses joies, ses triomphes, mais aussi ses tragédies et ses scandales. Une vie à suivre et à lire dans sa biographie Roman par Polanski, rééditée aux éditions Fayard. Invité de l'interview d'Anne Sinclair, samedi, il est revenu sur deux épisodes tragiques de son existence.
"Gravé dans la mémoire". A 9 et 10 ans, il erre plusieurs mois dans le ghetto de Cracovie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses parents ont été déportés, sa mère tuée à Auschwitz. Le parallèle avec son film Le pianiste est saisissant. Le héros du long-métrage n'est plus un enfant et l'histoire se passe à Varsovie, mais la trame est celle, très personnelle, de l'enfance brisée de Roman Polanski. "C'est vécu, pas nécessairement dans l'ordre, c'est pas dans la même ville, mais c'est une expérience facile à reproduire parce qu'elle reste gravée dans la mémoire d'un enfant."
"Des navets allemands". C'est aussi à Cracovie qu'il s'évade au cinéma grâce à l'argent qu'il gagnait en tant que livreur des journaux. "C'était des films allemands idiots, pas de propagande, des navets. Mais pour moi, c'était quand même fascinant." Grâce aux sous-titres, il commence à apprendre à lire après avoir appris l'alphabet sur la machine à écrire de son père. Un premier pas vers la littérature, et sans doute le cinéma.
"Énorme tragédie". Plus d'une vingtaine d'années plus tard, c'est au cinéma justement qu'il arrive au firmament, grâce à Rosemary's baby (1968). Avant de sombrer dans l'horreur. Sa femme Sharon Tate, enceinte, est assassinée par la secte de Charles Manson. "J'ai eu beaucoup de difficultés jusqu'à Rosemary's baby. Et c'est juste avant ça, en tournant Le bal des vampires, que j'ai connu Sharon Tate. Nous nous sommes mariés, elle était enceinte, le film avait énormément de succès. Tout allait bien et à ce moment que cette énorme tragédie est arrivé. A côté de Sharon, il y avait aussi mes amis les plus proches qui ont été assassinés. j'ai subi un choc immensurable."