Stromae s'est dit "ravi" d'être à Kigali pour clore sa tournée africaine, avec un concert au Rwanda très attendu et hautement symbolique. Le père du chanteur belge d'origine rwandaise a en effet été assassiné pendant le génocide de 1994.
"Je suis évidemment ravi d'être là, surtout avec les problèmes de santé que j'ai eus et l'annulation qu'on a dû faire. Je suis super heureux d'être là et ça me fait bizarre de voir des têtes qui me ressemblent, enfin auxquelles je ressemble", a ironisé Stromae, alias Paul Van Haver, lors d'une conférence de presse à Kigali avant son concert, provoquant quelques rires dans la salle. "C'est un sentiment agréable, mais particulier," a-t-il poursuivi.
"C'est un peu le destin". A la grande déception de ses fans, le chanteur avait dû annuler en juin les deux derniers concerts de sa première tournée en Afrique, prévus à Kinshasa et Kigali, pour raisons de santé. Il souffrait en effet des effets secondaires d'un traitement antipaludique. "C'était assez horrible, c'était vraiment une très mauvaise période," a-t-il admis, évoquant une tournée "vraiment épuisante". "C'est un peu le destin qui fait que l'on termine la tournée ici à Kigali et je suis vraiment ravi de ça" a-t-il précisé, tout en ajoutant: "C'était quand même important de venir dans mon pays d'origine". Les deux concerts ont été reprogrammés en octobre. Il a enchanté ses fans congolais samedi dernier à Kinshasa et les Rwandais l'attendent à bras ouverts.
Dans la salle, la mère de Stromae, une Flamande qui avait fait le déplacement de Belgique, ainsi que son frère et des cousins, étaient présents. A Kigali, de grandes affiches annoncent le concert qui doit se dérouler samedi soir dans le stade de l'Université libre de Kigali ((ULK). En marge de sa prestation, le chanteur devrait rencontrer des membres de sa famille paternelle vivant au Rwanda et se rendre au mémorial du génocide. Le chanteur comme son entourage restent toutefois très discrets au sujet de ces deux étapes dont les médias devraient être soigneusement écartés.
"J'essaie de garder une distance". Son père Pierre Rutare a été tué pendant le génocide qui, en à peine cent jours entre avril et juillet 1994, a fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi. Mais ses origines rwandaises, le chanteur ne les évoque que rarement en public. "J'étais déjà venu (au Rwanda) quand j'avais 5 ans mais je ne m'en souviens plus très bien... mes origines, je les connais uniquement à travers le prisme européen," a-t-il reconnu. "C'est pour ça qu'à chaque fois, par pudeur, j'essaie de garder une espèce de distance pour ne pas faire celui qui connait super bien ses origines (...) mais en tout cas, (j'ai) hâte de redécouvrir et découvrir encore plus mes origines," a-t-il expliqué.
Une larme pendant Papaoutai ? Interrogé sur son état d'esprit alors qu'il s'apprête à chanter "Papaoutai (une chanson évoquant le rôle du père)" à Kigali, le chanteur a assuré y avoir pensé la veille en s'endormant. "Je me demandais dans quelle mesure est-ce que ça allait être difficile ou pas de chanter ce morceau là et finalement, l'aspect professionnel est revenu assez rapidement et je me suis dit 'et bien tu vas le chanter comme tu l'as chanté face à n'importe quel public dans le monde'". Mais, a-t-il nuancé, "si je verse une petite larme à un moment, ce sera le cœur qui a parlé".