Invité lundi de l'émission Ça fait du bien, le journaliste Gilles Bouleau raconte au micro d'Anne Roumanoff et sa bande ses plus grandes interviews, de celles dont il garde le meilleur souvenir à celle qui lui a donné le plus de peine pour la mener à son terme. Le présentateur du 20h de TF1 revient pour commencer sur les interviews de deux fortes têtes, Nicolas Sarkozy et Bernard Tapie. "Ce sont un animal politique pour l'un, et un animal médiatique des affaires et du sport pour l'autre", rappelle e journaliste.
"Il faut se dire que s'ils sont des animaux, je ne suis pas dompteur et je ne suis pas en safari. Je ne suis pas là pour les humilier, me faire dominer ou me laisser dominer", analyse Gilles Bouleau. "Ces deux personnalités sont hors norme. Et surtout, elles ont un point commun : les deux se construisent contre l'intervieweur. Ce n'est jamais ennuyeux, car ils construisent une sorte d'hostilité artificielle ou d'agressivité, de pugnacité artificielle."
"C'est du direct, donc advienne que pourra"
Une particularité qui n'est pas le cas de tous les politiques, assure Gilles Bouleau. "Jean-Luc Mélenchon est plus ductile et plus imprévisible. Il va un coup vous foncer dans le chou, et celui d'après il sera plus dans l'accompagnement."
Face à ses interviews difficiles, de surcroît en direct, Gilles Bouleau a longtemps eu le trac. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. "Vous vous dites que vous avez préparé vos questions, révisé vos statistiques, vos chiffres, les citations, que vous avez appelé des gens qui les connaissent, etc. Et c'est du direct, donc advienne que pourra."
Le taiseux Robert de Niro
Parmi les interviewés qui ont donné du fil à retordre au journaliste de TF1, il y a aussi eu Robert de Niro. "J'ai une immense admiration pour cet acteur", précise-t-il. "Mais il est connu pour ne pas être très généreux en interview. Je crois que ça, ça le gonfle. Il venait pour un film avec Michelle Pfeiffer, Malavita, qui n'est pas extraordinaire."
Et comme Gilles Bouleau aurait dû s'y attendre, Robert de Niro n'est alors pas très bavard. "Il avait le New York Times plié dans son pantalon et il s'intéressait très modérément à l'interview. J'essayais de réveiller la bête", se souvient le journaliste. "J'ai cru comprendre qu'il n'avait pas forcément beaucoup d'estime pour le film dans lequel il avait joué."
Les confidences de Bernard Tapie
Plus récemment, c'est l'interview de Bernard Tapie qui a marqué le présentateur du 20h. "J'avais un peu parlé avec lui avant, pour qu'il accepte de venir. Et il me semblait, ô erreur de ma part, qu'il était plutôt volontaire pour raconter cette nuit affreuse durant laquelle il a été agressé avec sa femme dans sa maison", confie Gilles Bouleau. "Je pensais qu'il allait décrire ça. Et il m'a mis un vent."
Problème : une grande partie de l'interview de Gilles Bouleau était construite sur cette évènement. C'est la panique. "Il n'y a plus d'interview, on va boire un thé ? Qu'est-ce qu'on fait ?", rigole aujourd'hui Gilles Bouleau, qui finit alors tout de même par trouver une solution.
"J'ai essayé de me reconstruire une légitimité en disant que, malgré tout, je ne pouvais pas ne pas lui poser une question là-dessus", ajoute le journaliste. "Ce qu'a alors dit Bernard Tapie n'a pas duré un quart d'heure, il n'est pas rentré dans les détails qui sont durs, qui sont douloureux. Mais ce qu'il a dit, avec le talent qui est le sien, était très intéressant."
Tim Burton et Jean Rochefort
Gilles Bouleau finit de raconter ses interviews les plus marquantes par un questionnaire express. L'invité qui l'a le plus impressionné ? "Poutine." Le plus ému ? "C'est une émotion de petit garçon admiratif, c'est l'interview de Jean Rochefort." Le plus surpris ? "Michel Sardou. Il s'est mis à me tutoyer en pleine interview", s'étonne-t-il encore. "Gilles, il faut arrêter t'es trop maigre, t'es comme un haricot. Faut arrêter les conneries", lui avait asséné le chanteur.
Les deux invités qui l'ont le plus séduit sont les réalisateurs Tim Burton et Terry Gilliam. "D'abord, parce que je les admire infiniment", reconnaît Gilles Bouleau. "Ils m'ont séduit parce qu'ils étaient dans l'exercice de l'interview et de la promo. Et qu'ils se déshabillent. Ils disent des choses." Une implication de l'invité essentielle pour tout journaliste.