Visé par de multiples accusations pour agression sexuelle, Kevin Spacey s'est exprimé dans une vidéo à double sens où il reprend les manières de Franck Underwood, son personnage de "House of Cards".
À quoi joue Kevin Spacey ? Alors que l'on apprenait lundi sa prochaine inculpation pour agression sexuelle, l'acteur déchu, - qui avait disparu de la circulation depuis les premières accusations contre lui il y a plus d'un an - a publié le soir du réveillon de Noël une vidéo plus qu’ambigüe, déjà vue plus de quatre millions de fois sur Youtube. Imitant les manières de son personnage de Franck Underwood, qu'il tenait dans la série House of Cards, il laisse entendre qu'il ne faut pas croire toutes les accusations contre lui.
Les spectateurs pris à témoin. Filmé dans une cuisine, vêtu d'un tablier imprimé de Pères Noël, Kevin Spacey prend à partie le spectateur comme dans la série House of Cards où il jouait un homme politique cynique, prêt à tout pour défaire ses adversaires. Il évoque pendant trois minutes les actions et manigances du personnage tout en insinuations, au point qu'il semble évoquer les accusations contre lui-même dans la réalité. "Ils ont essayé de nous séparer. Mais notre lien est trop fort, trop puissant", débute l'acteur.
Et Kevin Spacey de s'adresser solennellement à l'internaute de l'autre côté de l'écran. "Nous avons tout partagé vous et moi. Je vous ai raconté mes plus sombres secrets. Je vous ai montré ce dont les gens sont capables, je vous ai choqué avec mon honnêteté mais surtout, je vous ai fait réfléchir". Des propos qui peuvent faire référence aux crimes immoraux commis par Franck Underwood dans House of Cards mais aussi aux aveux de l'acteur qui s'est rendu coupable d'agression sexuelle. "Vous m'avez fait confiance alors même que vous saviez que vous ne devriez pas. Nous n'en avons pas fini malgré ce qu'on peut dire."
"Vous ne croiriez pas au pire sans preuve ?". Dans cette vidéo aussi surprenante que gênante, Kevin Spacey, visé par de multiples plaintes et enquêtes aux États-Unis et au Royaume-Uni, fait preuve d'une étonnante sérénité. "Je sais ce que vous voulez : vous voulez que je revienne", assène l'acteur récompensé à deux reprises aux Oscars pour ses rôles dans Usual Suspects (1995) et American Beauty (1999), mais désormais en disgrâce à Hollywood. "Bien sûr, certains meurent d'impatience de m'entendre avouer que tout est vrai. Mais vous, vous ne croiriez pas au pire sans preuve ? Vous ne précipiteriez pas votre jugement sans connaître les faits, n'est-ce pas ? Non, pas vous. Vous êtes plus intelligent que ça", poursuit Kevin Spacey.
"Je peux vous promettre une chose : si je n'ai pas payé pour les choses que nous savons tous les deux que j'ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n'ai pas faites", martèle l'acteur de 59 ans dans une allusion à peine voilée aux nombreuses accusations qui le visent. "On dira que je ne respecte pas les règles. Mais je ne l'ai jamais fait. Et vous adorez ça." Assurant se "sentir bien", Kevin Spacey ajoute de façon sibylline que ses fans rêvant de le voir revenir à l'écran sauront bientôt "toute la vérité".
"Je vous ai manqué ?". Après les premières accusations, l'acteur avait été débarqué par Netflix de House of Cards dont il tenait le premier rôle. Dans la dernière saison et épilogue de la série, sortie en novembre, son personnage Frank Underwood a disparu : il est mort dans son sommeil. "Maintenant que j'y pense, vous ne m'avez pas vraiment vu mourir. Les conclusions peuvent être si décevantes", lâche à ce propos Kevin Spacey, énigmatique, en passant à son doigt la chevalière de Franck Underwood. Et de conclure : "Je vous ai manqué ?". Contactés par l'AFP, Netflix et des représentants de l'acteur n'ont pas réagi dans l'immédiat.