Malgré elle, elle a poussé Michel Boujenah vers le théâtre et l'humour. Tata Ginette, une amie du père du comédien, lui a donné dès son enfance le goût du récit et de l'exagération. L'humoriste dresse samedi dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie le portrait de cette femme qui a compté pour lui, tout en expliquant au micro d'Isabelle Morizet comment il s'est, petit à petit, orienté vers la carrière de comique qu'il mène tambour battant depuis 50 ans. "Ce qui était fascinant avec Tata Ginette, c'est qu'elle était à la fois très belle avec ses yeux verts et qu'elle racontait des histoires de cul !", se souvient Michel Boujenah.
Tata Ginette, drôle jusqu'à son dernier souffle
"Pour moi, c'est une cousine de Sophia Loren. Elle avait comme elle ce côté populaire de ses premiers films tout en étant d'une beauté renversante", poursuit-il, avant de raconter l'humour que cette Tata Ginette a gardé jusqu'à sa mort, à 96 ans. "À la fin de sa vie, elle expliquait à sa fille qu'elle avait arrêté de fumer. Depuis quand ? Depuis hier. Pourquoi ? Parce que j'ai appris qu'on pouvait mourir en fumant !", éclate-t-il de rire.
"J'ai mal partout, sauf au bon endroit !", déclarait régulièrement la vieille dame. "Elle n'a jamais arrêté de faire rire. Et elle m'appelait de temps en temps pour me raconter une histoire drôle. Elle les racontait de manière sublime", explique avec admiration Michel Boujenah. "Vraisemblablement, oui, elle fait partie des personnes qui m'ont donné le goût de la narration et de faire rire. Ça, c'est sûr."
"Faire du théâtre était indispensable à ma survie affective"
Son talent oratoire, le comédien le découvre au lycée, lorsqu'il fait devant la classe un exposé très personnel sur le livre Le dernier des Justes. "J'ai découvert que quand je racontais des histoires ,j'étais un petit peu utile aux autres, que je leur donnais du plaisir", précise le comédien. "Ce n'était pas un plaisir léger, c'était quelque chose de fort. Et j'étais ému de ça. Mais je ne savais pas que j'allais en faire mon métier."
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Car, famille de médecins oblige, Michel Boujenah s'inscrit à la faculté de médecine. Il y suivra les cours pendant trois jours, puis décide de parler à son père. "Je lui ai dit que je ne pouvais pas faire médecine, que peut-être que je faisais une énorme connerie dans ma vie, mais que j'allais faire du théâtre", se remémore-t-il. "Il fallait que je fasse du théâtre, c'était indispensable à ma survie affective. C'est comme quand vous aimez : vous vous dites que vous mourriez sans cette personne. Ça arrive à tout le monde, au moins une fois dans sa vie, de vivre ce genre d'émotion."
50 ans plus tard, Michel Boujenah ne regrette pas sa décision. Même s'il lui arrive de se demander ce qu'aurait été sa vie de médecin. "Aujourd'hui, quand je vois mes cousins médecins, mon frère médecin, parfois je me dis que ça aurait peut-être été bien. Finalement, j'aurais travaillé la semaine, j'aurais eu mon week-end, j'aurais sauvé des vies, j'aurais fait du bien", imagine-t-il, avant de conclure par une boutade dont il a le secret. "Peut-être même que j'aurais fait rire mes patients aussi. Mais, au final, vous êtes tous mes patients. Vous êtes tous cinglés, je suis au courant !"