"The show must -and will- go on." Le spectacle doit (et va) continuer. Voilà comment Ted Sarandos, responsable du contenu chez Netflix, résume l'état d'esprit de la plateforme dans une tribune au Los Angeles Times. Si celle-ci a paradoxalement bénéficié de l'épidémie de coronavirus, notamment en engrangeant près de 16 millions d'abonnés supplémentaires, ses tournages, en revanche, ont été brutalement interrompus. Mais ils commencent à reprendre petit à petit, en s'accommodant de protocoles sanitaires drastiques.
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Le mot d'ordre, c'est la prudence. Les tournages ne redémarrent que dans les pays où l'épidémie de coronavirus est sous contrôle, comme la Corée du Sud, l'Islande ou le Japon. Ils devraient également repartir en Suède à la fin du mois, et en Norvège en juillet.
Tests en Islande, prise de température en Corée du Sud
Avec, chaque fois, des productions qui s'adaptent aux recommandations locales. En Corée du Sud par exemple, les tests de dépistage ne sont disponibles que pour les personnes présentant des symptômes du Covid-19. Les équipes techniques et les acteurs des séries Love Alarm et Move to Heaven prennent donc régulièrement leur température et au moindre signe d'infection, un test sera demandé et le tournage arrêté en attendant le résultat.
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En Islande, où Netflix tourne la série de science-fiction Katla, c'est l'inverse : les tests sont massivement disponibles. Tout le monde a donc accepté de s'y soumettre, ce qui n'empêche pas, là encore, des prises régulières de température. Des personnes sont chargées de vérifier à chaque instant le nombre d'individus présents sur le plateau pour éviter que cela se bouscule. Et chacun se rend sur le lieu de tournage avec un véhicule individuel.
Des protocoles stricts...
Pour la série Love & Anarchy, filmée en Suède à la fin du mois de mai, les acteurs, les maquilleuses et les costumières sont allés plus loin en acceptant de se placer en quarantaine pendant 14 jours avant le tournage... et 11 jours après.
Partout sur les plateaux, Netflix s'assure de la mise à disposition de gel hydroalcoolique, de masques et de gants pour les équipes. Des paniers repas individuels ont aussi remplacé les traditionnels buffets pour le déjeuner et les costumes sont lavés tous les jours. Des protocoles qui obligent à revoir les temps de tournage puisqu'ils prévoient une pause obligatoire toutes les deux ou trois heures afin que tout le monde se lave les mains et que les décors soient désinfectés. "Rien de tout cela n'est simple à mettre en place", reconnaît volontiers Ted Sarandos dans le Los Angeles Times. "Et il reste beaucoup de questions sans réponses."
...et des changements de scénario
Les scénarios au temps du coronavirus risquent de faire quelques déçus : réalisateurs et showrunneurs sont priés d'intégrer moins de scènes intimes ou de foule, impossibles à tourner. "Certaines séries vont devoir être réécrites ou chercher à ajouter des effets spéciaux à la place de ce que nous aurions filmé" en temps normal, détaille Ted Sarandos. Dans certains cas, les calendriers sont ajustés, en décalant par exemple les scènes d'action... mais alors que personne ne peut dire exactement quand finira l'épidémie, rien ne dit que cela suffira.
Sans surprise, ces contraintes sont également prises comme des opportunités par certains. Netflix a ainsi confié à Jenji Kohan, la créatrice d'Orange is the new black, un projet intégralement filmé... en confinement. Les acteurs seront dirigés à distance et se filmeront eux-mêmes. Cette nouvelle série, qui devrait se présenter sous la forme d'une anthologie, n'a pas encore de sortie mais déjà un titre : Social Distance, évidemment.