Finaliste malheureux du Grand prix du roman de l'Académie française et du Goncourt, Thomas B. Reverdy a obtenu mercredi le prix Interallié pour L'hiver du mécontentement, paru chez Flammarion, roman trépidant et captivant sur l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.
Grèves à répétition. L'hiver du mécontentement, c'est ainsi que le quotidien britannique The Sun qualifia l'hiver 1978-1979 au Royaume-Uni alors que des grèves paralysaient le pays. "Voici venir l'hiver de notre mécontentement" : ce sont également les premiers mots que prononce Richard III dans la pièce éponyme de Shakespeare. Richard III, roi assoiffé de pouvoir, c'est le rôle que doit interpréter la jeune Candice, comédienne dans une troupe exclusivement féminine. Pour gagner sa vie, Candice travaille comme coursier à vélo dans un Londres en proie au désordre. Au théâtre, elle croisera l'encore méconnue Margaret Thatcher venue prendre des cours de diction.
Sex Pistols, Clash et Bowie à la bande-son. Thomas B. Reverdy, 44 ans, a divisé son livre en courts chapitres portant chacun un titre de ces années-là. Cette bande-son (où l'on retrouve les Clash, Marianne Faithfull, David Bowie et évidemment les Sex Pistols) donne au roman, empreint de mélancolie, un rythme qui nous ramène au cœur de la fin des années 1970 dans un Londres en faillite envahi par les détritus. C'est un monde sur un point de bascule qu'évoque avec justesse Thomas B. Reverdy. "Le chômage de masse est en train d'apparaître. Le travail ne sera plus jamais léger", écrit le romancier.
"Il n'y a pas d'alternative". À côté de Candice, Thomas B. Reverdy a créé Jones, personnage masculin plus effacé que celui de la jeune femme. Quadragénaire, chômeur désabusé, Jones a compris avant tout le monde qu'il appartiendra au camp des vaincus dans le monde impitoyable à venir. Le livre se termine avec les mots glaçants de Margaret Thatcher devenue Premier ministre et qui sera bientôt surnommée la Dame de fer : "Aujourd'hui, fini de rêver. Il n'y a pas d'alternative".