"On a été manipulés, mon frère", confesse Reda dans les dernières minutes terrifiantes de Djihad. Cette tragi-comédie sur le périple en Syrie de trois jeunes Bruxellois musulmans, d'une actualité brûlante, connaît un succès inespéré depuis un an en Belgique. Son auteur, Ismaël Saidi, musulman pratiquant, a vu le jour il y a 39 ans à Bruxelles dans une famille d'origine marocaine.
Un ancien policier. En près de deux heures, cet ancien policier devenu scénariste tente avec beaucoup d'humour de faire comprendre aux spectateurs les raisons de la radicalisation à travers l'histoire de trois paumés, récupérés par les fanatiques. "Cette pièce est évidemment une autocritique de la communauté dont je fais partie. Qui sont ces jeunes qui s'engagent ? Avant de les stigmatiser, je voudrais qu'on analyse d'abord les symptômes, pour pouvoir soigner le mal en amont", explique l'auteur. Et de déplorer "une victimisation à outrance, hypocrite en somme, lorsque ceux qui disent ne pas être tolérés ne sont eux-mêmes pas tolérants envers les autres".
Succès inespéré. Jouée pour la première fois à Bruxelles le 26 décembre 2014, Djihad ne devait durer que cinq représentations. Devant l'ampleur de son succès, elle a été prolongée et près de 45.000 spectateurs l'ont désormais applaudie. Elle sera présentée en France, à Lyon, en janvier prochain.