La bataille a débuté il y a longtemps, au début des années 1940, sur le papier. Les comics Marvel d'un côté (créés en 1939), les comics DC de l'autre (créés en 1935). Chaque maison d'édition possède son propre lot de héros. Spider-Man, X-Men, Hulk, Thor, Captain America, ou encore Iron Man pour Marvel ; et Batman, Wonder Woman, Superman ou encore Flash pour DC. Depuis une dizaine d'années, cet affrontement se poursuit au cinéma. Revue des bataillons de cette guerre surhumaine, alors que sort en salles mercredi Justice League, qui réunit plusieurs héros de l'univers DC, et grâce auquel la franchise espère frapper un grand coup.
Marvel, un temps d'avance
Disney s'offre Marvel. En avril et mai 2008, Iron Man sort sur les écrans du monde entier. Même si des héros Marvel, dont Spider-Man, avaient déjà été portés à l'écran avant, ce film marque le lancement de quelque chose de plus ample : la création d'un univers cinématographique Marvel, que d'autres films viendront compléter. À l'époque, le film est distribué par la Paramount, un an avant que Disney ne rachète Marvel Entertainment pour 4 milliards de dollars, en décembre 2009. Le début d'une appropriation en plusieurs étapes. À partir d'Avengers, en 2012, le géant du dessin-animé devient également distributeur de chacun des films de cet univers cinématographique.
10 milliards de dollars de recettes dans le monde. Ensemble, les deux compagnies vont élaborer une stratégie simple : la co-existence de héros dans un univers partagé. Chaque personnage possède son propre lot de films avec des intrigues personnelles (Iron Man, Thor, Ant-Man) et d'autres réalisations les mêlent les uns aux autres (Captain America : Civil War, Avengers : L'Ère d'Ultron).
Dans cette course narrative, Marvel va vite, très vite. Déjà 17 films sont sortis depuis Iron Man en 2008. Et parmi eux, d'immenses succès comme les deux Avengers qui ont rapporté au total 2,9 milliards de dollars de recettes à eux deux. En mai 2016, l'univers cinématographique Marvel a d'ailleurs franchi la barre symbolique des 10 milliards de dollars de recettes au box-office mondial. Et les deux sociétés ne comptent pas s'arrêter là. D'autres films sont en cours de production comme Black Panther, Avengers : Infinity Wars et Ant-Man and the Wasp. Trois longs-métrages dont les sorties sont prévues en 2018.
DC, à l'heure du rattrapage
Critiques et spectateurs peu emballés par les débuts. À côté de cet état de forme étincelant, DC fait pâle figure. DC Entertainment et Warner ont entamé le développement de leur univers cinématographique avec Man of Steel, en 2013, soit quatre ans après le rachat de Marvel par Disney. Aujourd'hui, seules cinq réalisations, tirées des comics, ont vu le jour.
DC accumule non seulement du retard, mais aussi des avis négatifs. Contrairement à son concurrent, Man of Steel (2013), Suicide Squad (2016) et Batman vs Superman (2016) ont déçu une grande partie de la critique et du public. Sur RottenTomatoes.com (un site qui agrège les critiques), les deux derniers films cités présentent ainsi un pourcentage de satisfaction respectif de 26% et 27%. Ce qui n'a pas empêché les deux longs-métrages d'engranger 745,6 et 872 millions de dollars de recettes. Mais à titre de comparaison critique, le film le moins bien noté de l'univers Marvel - Thor : Le Monde des ténèbres (2013) - culmine à 66%.
Le line-up à venir peut-il changer la donne ? C'est grâce à une femme que DC et Warner ont finalement relevé la tête. Wonder Woman, sorti en juin 2017, a non seulement été un carton au box-office (821 millions de dollars de recettes), mais a aussi été salué par les critiques. La présence d'une héroïne, au premier plan d'une intrigue, a permis à l'oeuvre de se distinguer. Elle est apparue comme un vent de fraîcheur dans un univers très masculin, et dont les seuls modèles féminins transposés au grand écran jusqu'alors étaient Catwoman (2004) et Elektra (2005), ouvertement critiqués par les journalistes et le public. Est-ce le début d'un nouveau rapport de force ? DC-Warner a en tout cas prévu dix nouveaux films d'ici 2020, dont The Batman, Wonder Woman 2, Batgirl ou encore Green Lantern Corps.
Le risque du trop-plein ?
À eux d'eux, DC-Warner et Marvel-Disney vont lancer sur le marché quinze films en trois ans. Déjà marqués par la recrudescence de reboot (Spider-Man, Batman, X-Men), de remakes en prises de vues réelles (Le livre de la jungle, La belle et la bête) et de suites (deux nouvelles trilogies Star Wars), les spectateurs finiront-ils par se lasser de ces franchises (sur)exploitées ? Pour l'heure, le box-office répond par la négative. Mais en cette année 2017, où certains blockbusters comme La Momie, Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, ou encore Baywatch : Alerte à Malibu n'ont pas trouvé le public escompté, le résultat de Justice League sera scruté de près.