En 1987, Maurice Pialat recevait la palme d'or pour Sous le soleil de Satan. Et devant la controverse, il lançait cette phrase devenu culte : "Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus"... Une histoire d'amour et de haine mêlés. Woody Allen, en habitué de la Croisette, ouvre pour la troisième fois le festival le 11 mai avec son Café Society (en partenariat avec Europe 1), présenté en sélection officielle hors compétition de cette 69e édition. Si la haine n'est pas de mise, le cinéaste de 80 ans entretient néanmoins une relation ambiguë avec le Festival de Cannes. Explications.
Quatorze sélections. Café Society, qui conte l'arrivée d'un jeune homme à Hollywood dans les années 30 et qui tombe amoureux au passage, n'est pas la premier film de Woody Allen a être projeté sur la Croisette. Excepté une longue pause dans les années 90, le cinéaste monte régulièrement les marches. Entre Manhattan (1979) et Un homme irrationnel (2015), il y a eu Hannah et ses sœurs (1986), Hollywood Ending (ouverture en 2002), Match Point (2006), Vicky Christina Barcelona (2008), Midnight in Paris (ouverture en 2011)... En tout, quatorze sélections au compteur mais toujours hors compétition... car Woody Allen rejette l'idée de concourir pour la Palme d'or.
L'homme du hors compétition. Au printemps dernier, dans une interview accordée au Point pour l'édition 2015 du festival, l'artiste avait expliqué les raisons de ce refus catégorique : "J'aime le concept du festival en lui-même, le fait qu'une fois par an, tout le monde, tous les acteurs et les réalisateurs se retrouvent à Cannes pour montrer leur travail", avait-t-il d'abord annoncé avant de dénigrer l'aspect concurrentiel : "Qui est habilité à dire que telle oeuvre est mieux que telle autre ? Qui peut juger qu'un Matisse est meilleur qu'un Picasso ou qu'un Jackson Pollock ?"
Détente. Le cinéaste avait précisé vouloir venir et assister aux projections des autres pour profiter du festival, sans se lancer dans un ouragan de comparaisons. "Si je viens, j'aime pouvoir regarder le film d'un autre réalisateur sans me mettre à penser : 'Oh, son film est meilleur que le mien ! C'est pas juste, ils ont préféré son film au mien'. Ou bien : 'Ils préfèrent le mien, mais je ne le mérite pas''. Une attitude qui, selon lui, aurait tout simplement conduit à le rendre fou. Donc le Festival de Cannes, ok, mais à petite dose.