"Nous ne laisserons plus rien passer. Aucune dérive, aucun abus, aucune malversation." Vendredi, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire présentait son dispositif pour réguler le secteur des influenceurs. Car à partir de ce mardi, une proposition de loi sur le sujet sera étudiée à l’Assemblée nationale. Objectif : mettre un peu d’ordre dans ce secteur en ébullition.
Première mesure proposée : soumettre les influenceurs aux mêmes règles publicitaires que les médias traditionnels. Autre obligation : mentionner l’usage des filtres ou des retouches photos lors d’un partenariat rémunéré, afin de "limiter les effets psychologiques destructeurs de ces pratiques pour l’estime des internautes".
Mise en place d'une "brigade des influenceurs"
Les influenceurs mineurs seront également davantage protégés. L’idée derrière toutes ces mesures est qu’il y ait ensuite un véritable contrôle, comme l’explique Bruno Le Maire au micro d’Europe 1/Culture médias.
"Nous aurons un dispositif de signalement qui sera mis en place. Nous allons mettre en place une brigade des influenceurs composée de quinze personnes ici à Bercy, et nous aurons toute une échelle de sanctions qui ira des sanctions financières jusqu'au retrait de l'agrément pour un influenceur qui aurait vraiment enfreint toutes les règles", détaille Bruno Le Maire.
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Autre volonté de Bercy, responsabiliser les plateformes. "Elles diffusent les contenus des influenceurs donc elles ne peuvent pas s'en laver les mains et dire 'attendez, ce n'est pas ma faute, c'est les influenceurs, j'y suis pour rien'. Chacun doit être responsable. Ces abus, ce sont les consommateurs qui en sont les victimes", ajoute le ministre de l'Économie au micro d’Europe 1/Culture médias.
Interdire la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux
Autre mesure spectaculaire : l’interdiction de la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux. Si la loi est votée, ça sera donc fini avec ces vidéos sur Instagram vantant les bienfaits des injections. Des contenus qui ont des conséquences désastreuses.
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"Il y a des femmes qui se sont retrouvées défigurées pour certaines, parce que des influenceurs leur avaient fait de la pub pour des praticiens douteux qui n'étaient même pas des médecins", regrette le député socialiste Arthur Delaporte, qui a co-rédigé cette proposition de loi. "Donc c'est pour ça qu'on veut aller vers une interdiction générale parce qu'il y a eu trop de dérives sur ces sujets en particulier qui ont nui à la vie des gens", ajoute-t-il au micro d’Europe 1/Culture médias.
Un guide de bonne conduite à destination des influenceurs
Enfin, ce texte prévoit la diffusion d’un "guide de bonne conduite" à destination des influenceurs. C’est un document d’une quinzaine de pages qui liste tous leurs droits et devoirs.
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"Ce guide est assez concret. On pense que ça peut avoir une utilité, notamment pour tous les créateurs de contenus qui sont seuls et ne savent pas où se renseigner. On ne peut pas connaître les 100.000 lois de ce pays", souligne Karine Fernandez, la présidente de l’union des Métiers de l’influence et des Créateurs de Contenu (Umicc). "Donc c'est important de pouvoir le lire et on pense que ça pourra fonctionner dès lors que tout le monde porte ses responsabilités. Les plateformes en ont une, nous, agences en avons une, les annonceurs en ont une, les créateurs de contenus en ont une. Tous ensemble, on va pouvoir y arriver", assure-t-elle au micro d’Europe 1/Culture médias.
Une tribune polémique
L’Umicc, qui a également été ce week-end à l’initiative d’une tribune parue dans le Journal du dimanche qui a beaucoup fait parler. 150 influenceurs y évoquaient leurs craintes à l’idée que l’opprobre soit jetée sur l’ensemble des influenceurs avec cette loi. "Nous entendons parler des 'influvoleurs', 'du combat à mener' contre nous", écrivent-ils. "Nous pensons que c'est une erreur. Qu'une minorité est devenue une généralité".
Problème, plusieurs signataires se sont ensuite rétractés, expliquant être mal à l’aise avec cette tribune pouvant laisser penser qu’ils sont contre cette loi, à l’image de Squeezie. Le Youtubeur le plus suivi de France s’en est expliqué dans un message posté hier soir sur Twitter. "J’ai fait l'erreur de donner mon accord pour que mon nom apparaisse dans une tribune très maladroite, que je n'ai même pas lue avant publication", a écrit le premier YouTubeur de France.
Ma réponse pic.twitter.com/hE2kM75lzx
— Squeezie (@xSqueeZie) March 26, 2023