En vous promenant dans les rayons développement personnel des librairies, en écoutant une émission de radio ou lors d’une conversation amicale, vous avez probablement déjà entendu parler de la sophrologie. Mais en quoi consiste-t-elle ? Ni une pratique médicale, ni une psychothérapie, ni même une philosophie, cette discipline, fondée dans les années 60 par un psychiatre espagnol, affiche pourtant des objectifs ambitieux. Europe 1 fait les présentations.
- La sophrologie, qu’est-ce que c’est ?
La sophrologie consiste en un ensemble de techniques de relaxation, de respiration, de mouvements corporels, de décontraction musculaire et de "visualisation" de pensées, inspirées par les recherches (en neuropsychiatrie, mais aussi en hypnose, en techniques de Yoga ou de Zen) du psychiatre espagnol Alfonso Caycedo, mort en septembre dernier. Le but est d’amener le "sophronisant" à se concentrer sur ses pensées positives et à s’en nourrir pour avancer dans la vie et mieux se connaître.
"C'est un entraînement psycho-physique de la conscience, basé sur la perception positive de notre monde intérieur ainsi que sur le développement d’une relation positive avec le monde extérieur", avance Natalia Caycedo, médecin psychiatre, fille du fondateur de la sophrologie et vice-présidente de l’Académie Sofrocay. "La sophrologie est une méthode psychocorporelle qui peut être utilisée comme technique thérapeutique ou vécue comme une philosophie de vie", explique pour sa part la Chambre de la sophrologie.
- Concrètement, comment ça marche ?
Si la sophrologie peut se pratiquer tout seul chez soi (avec des exercices vocaux enregistrés, par exemple), mieux vaut se faire accompagner pour commencer. Une séance de sophrologie dure en environ une heure, et peut se pratiquer seul ou en groupe. En moyenne, le suivi dure deux à quatre mois (8 à 12 séances), et peut être plus ou moins long en fonction des besoins du client. Une séance "type" (dont le prix moyen va de 40 euros en province à 60 euros à Paris) se déroule en plusieurs étapes :
- D’abord un dialogue se noue, sur les raisons qui ont poussé le "sophronisant" à venir ou un bilan des avancées depuis la précédente séance ; puis une explication du déroulé de la séance
- Le "sophronisant" est ensuite amené à faire un certain nombre d’exercices de relaxation, guidé par la voix du praticien
- Il va ensuite visualiser des "pensées positives" (un endroit calme par exemple), toujours guidé par la voix du sophrologue (celui-ci ne doit jamais vous toucher)
- Le "sophronisant" est ensuite amené à s’exprimer sur ce qu’il a ressenti pendant les exercices
- Enfin, le praticien peut lui suggérer de prolonger la séance chez lui, avec des exercices
- À quels résultats peut-on s’attendre ?
"Toutes ces techniques permettent de retrouver un état de bien-être et d’activer tout son potentiel. La sophrologie permet d’acquérir une meilleure connaissance de soi et d’affronter les défis du quotidien avec sérénité", résume sur son site la Chambre syndicale de la sophrologie.
Plus concrètement, la sophrologie vise à
- Lutter contre certains troubles : du sommeil, de l’alimentation, d’addictions
- Aider à gérer : le stress, les émotions, les douleurs, les crises d’angoisse, les phobies
- Préparer un évènement susceptible de provoquer du trac : un entretien d’embauche, un examen, un accouchement…
- Accompagner certains traitements face à des maladies plus lourdes
Les sophrologues ne sont toutefois pas des médecins. Ils ne sont pas habilités à délivrer des traitements, ni même à établir des diagnostics. En cela, ils ne remplacent ni le psychiatre, ni le généraliste, ni aucun médecin, seuls à même de détecter la présence d’une maladie et à délivrer des traitements. En revanche, les sophrologues peuvent venir en soutien d’un traitement, et sont parfois sollicités par des hôpitaux. Si la sophrologie ne fait pas partie d’une politique publique nationale (les médecins décident souvent d’eux-mêmes d’y faire appel), elle est mentionnée dans le plan cancer 2014-2019 comme un "soin de support", susceptible d’aider à gérer l’anxiété des patients.
- Est-ce que cela fonctionne vraiment ?
Il n’existe aucune étude d’ampleur, ayant valeur scientifique, attestant de l’efficacité des méthodes de la sophrologie. Récemment, 124 professionnels de santé ont signé une tribune dans Le Figaro pour alerter sur les dangers des "médecines alternatives", dont la sophrologie, lorsqu’elles détournent de la médecine traditionnelle. La sophrologie est, enfin, régulièrement mentionnée par des notes du ministère de la Santé ou de la Mivilude (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) alertant sur les risques de "charlatanisme" de certains sophrologues.
>> Pour avoir quelques conseils afin de bien choisir son sophrologue, vous pouvez lire notre article ici.
Mais ces appels à la prudence ne sont pas des appels au boycott total. Et dans la presse comme dans quelques micro-études, de nombreuses personnes témoignent régulièrement des bienfaits de la sophrologie (Europe 1 vous en parlait ici ou encore ici). Quelques universités, à Lille ou à Marseille par exemple, commencent par ailleurs à s’intéresser aux méthodes de la discipline et proposent des Diplômes universitaire (DU) pour les étudier ou s’y former. Si la sophrologie a encore beaucoup à prouver, elle mérite tout de même que l’on continue à s’y intéresser.
Les trois informations à retenir
1 - La sophrologie est un ensemble de techniques (relaxation, visualisation) visant à se concentrer sur ses pensées positives et à s’en nourrir pour avancer dans la vie et mieux se connaître
2 - La sophrologie propose de répondre à différents types de besoin, de la gestion du stress à l’amélioration du sommeil, en passant par l’accompagnement de traitements médicaux
3 - Aucune étude scientifique d’ampleur n’est encore venue valider l’efficacité de la sophrologie, dont la réputation s’appuie avant tout sur des témoignages