Certaines d’entre-elles, à l’image de celle entre Donald Trump et Kim Jong Un mardi, sont historiques. Pourtant, quoi de plus banale, en apparence, qu’une poignée de main ? En 2010, des chercheurs anglais en psychologie sociale ont estimé à 15.000 le nombre de mains serrées par un être humain dans sa vie soit, en moyenne, 1,5 par jour pendant soixante ans. Mais que l’on ne s’y trompe pas : banal ne veut pas toujours dire futile. Une poignée de main en dit beaucoup sur la personnalité et la relation entre deux individus. Et elle peut, si elle est réussie ou ratée, faire basculer une rencontre. Europe 1 vous aide à comprendre une coutume mondiale pas si anodine que cela.
À quoi sert la poignée de main ?
Pour se saluer, pour acter un accord, pour remercier ou encore consoler… La poignée de main a de multiples fonctions dans nos sociétés contemporaines. Quasiment tous les pays du monde y ont recours, même si elle est parfois remplacée par une simple inclination dans des pays asiatiques, notamment au Japon. D’où vient-elle ? Ce n’est pas clair. À l’origine, elle aurait été inventée pour signaler à notre interlocuteur que nous n’avons pas d’arme dans la main droite, celle avec laquelle on apprenait à manier l’épée ou le couteau. Certains attribuent son invention aux chevaliers, durant le Moyen-Âge. D’autres trouvent des traces (sur des peintures, des inscriptions murales, runiques…) dès l’Antiquité.
Aujourd’hui, elle peut s’avérer d’une importance cruciale. D’après des chercheurs de plusieurs universités américaines de psychologie cités dans le livre Manipulé et séduire, on attribue davantage de confiance à une personne qui nous salue en nous serrant la main, et on lui accorde plus d’intérêt. "Serrer la main conduit à être vu comme plus consciencieux", poursuit l’ouvrage. Comment le sait-on ? Par l’analyse des comportements des recruteurs en entretien d’embauche ou des personnes qui font du démarchage pour vendre des tickets de tombola, par exemple. Une poignée de main réussie (voir plus bas) double vos chances d’obtenir un résultat.
D’où vient ce pouvoir ? Il est, en partie, inexpliqué. Le fait qu’il s’agisse d’un code social reconnu de longue date, le côté chaleureux d’un léger contact physique qui n’est pas non plus trop envahissant ou le sentiment d’être symboliquement lié à l’autre sont parfois avancés en guise d’explications. Ou peut-être est-on encore, comme les chevaliers du Moyen-Âge, rassuré de voir que notre interlocuteur n’a pas d’arme !
Ce que nos poignées de mains disent de nous (et de nos intentions)
Il n’y a pas qu’une seule et unique forme de poignée de main. Et selon plusieurs études en psychologique ou en synergologie (science du geste), une poignée de main peut en dire beaucoup sur notre personnalité ou nos intentions. On aura plutôt tendance, par exemple, à accomplir plusieurs mouvements verticaux pour féliciter quelqu’un, mais un seul pour dire bonjour et aucun pour consoler. En revanche, dans ce dernier cas, nous maintiendrons la pression plus longtemps.
Des chercheurs ont également montré qu’une poignée de main particulièrement vigoureuse, forte, et longue pouvait refléter une personnalité agressive, voire une volonté de domination. Une main ferme, mais pas trop, dénote souvent une certaine excentricité. Quant à une poignée trop molle, elle est la plupart du temps le signe d’une forte timidité, mais aussi parfois (surtout chez les hommes) d’ouverture d’esprit. Tous ces résultats ne s’appliquent, évidemment, pas à tout le monde et cela dépend du degré de spontanéité de la poignée de main : une personne pas du tout excentrique peut tout à fait serrer une main avec fermeté s’il anticipe son geste.
" La règle pour les hommes et pour les femmes est la même : main droite, une poignée complète, une pression ferme (mais pas trop) "
Si elles peuvent témoigner de notre personnalité, nos poignées de main peuvent aussi refléter, inconsciemment, nos intentions. Le journal 20 Minutes cite ici quelques exemples : plus il y a de respect entre les interlocuteurs et plus la poignée de main est haute et près du corps ; une main placée d’emblée au-dessus de l’autre, de manière horizontale, peut dénoter une volonté de domination ; plus le regard est appuyé, plus il y aura de respect et de conviction chez les protagonistes etc.
Comment réussir sa poignée de main ?
Un regard expert permettra donc de décrypter nos intentions. Mais même un non expert peut avoir une mauvaise impression après une poignée de main "ratée". Pour réussir un entretien, avant de signer un contrat ou au moment de consoler quelqu’un, mieux vaut donc respecter quelques conseils de base.
"La règle pour les hommes et pour les femmes est la même : main droite, une poignée complète, une pression ferme (mais pas trop), la main positionnée à mi-chemin entre vous et l’autre personne, une paume douce et sèche, environ trois mouvements, une vigueur moyenne, une durée inférieure à deux ou trois secondes, un regard soutenu tout au long de cette poignée et un sourire naturel. Et bien sûr, le tout doit être accompagné d’une parole appropriée", résume le chercheur en psychologie de Manchester Geoffrey Beattie, cité par Le Monde. Qui regrette que, vu l’importance de la question, "il n’existe pas de guide indiquant aux gens comment ils devraient serrer des mains".