Le prince William, héritier du trône d’Angleterre, et son épouse Kate, duchesse de Cambridge, forment à plus d’un titre un couple à part. Pourtant, en accueillant depuis lundi et la naissance d’un nouveau "Royal baby" à Londres, un troisième enfant, les voilà confrontés, comme des millions d’autres parents, à un nouveau challenge. Car au même titre qu’une naissance est à la fois la chose la plus banale et la plus extraordinaire qui soit, l’arrivée d’un troisième enfant reste un chamboulement à mesurer à sa juste valeur. Pour les parents d’abord, pour les enfants déjà présents ensuite, pour le bébé à naître et l’enfant qu’il deviendra, enfin.
"C’est un chamboulement. Aujourd’hui, avec trois enfants, on est considérés comme une famille nombreuse", confirme la psychologue Béatrice Cooper-Royer, spécialisée dans la clinique de l’enfant. "D’abord parce que d’un coup, il y a plus d’enfants que de parents. Et on a toujours deux bras, pas trois. Ça demande une réorganisation", sourit cette mère de… trois enfants.
- Pour les parents
Voilà donc Kate et William parents de George, bientôt 5 ans (en juillet), de Charlotte, trois ans le 2 mai prochain, et donc d’un dernier garçon qui doit encore être prénommé. Et le couple princier confronté à la première problématique. "La grande difficulté, c’est de naviguer entre plusieurs âges à la fois", explique Béatrice Cooper-Royer. "Du coup, on a des enfants qui n’ont pas les mêmes rythmes, pas les mêmes besoins. L’un peut aller à l’école, l’autre à la crèche, le dernier rester à la maison. Ça demande une vraie organisation pratique. On est obligé de se répartir les tâches." Gageons que le couple princier recevra tout de même quelque aide extérieure, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.
En revanche, il devra, comme tout le monde, opérer ce que la psychologue appelle "un retour en arrière" : "Il faut être prêt à accueillir à nouveau un bébé", précise Béatrice Cooper-Royer. "Alors que souvent, on est sortis de tout ça, avec les siestes, le biberon, les horaires et surtout une très grande vigilance. Il faut se préparer, en tout cas pour la première année."
Voilà qui pourrait doucher les enthousiasmes. "Attention, on s’adapte aussi très bien. Tout cela n’a rien d’insurmontable", tempère la praticienne. "D’autant qu’en même temps, on est beaucoup plus décontractés pour le troisième, on relativise plus. L’expérience aide beaucoup."
- Pour les enfants
Un bouleversement pour les parents donc, mais aussi pour les enfants qui voient arriver un petit frère ou une petite sœur. Avec son lot de jalousies. "Ce qui peut les saouler, ce sont les changements de rythme. Ça peut les assombrir, ils peuvent avoir l’impression que la vie tourne autour du bébé", prévient Béatrice Cooper-Royer. "Mais cela dépend aussi de la différence d’âge. "Au-delà de quatre ans et demi-cinq ans de différence, les enfants sont moins jaloux, ils sont plus dans l’attendrissement, moins dans la rivalité." Le nouveau "Royal baby" devrait donc s’attirer les faveurs de George. Peut-être moins celles de Charlotte.
D’autant que la petite fille se voit détrôner de son statut de petite dernière. "Celui qui était le petit dernier devient l’enfant du milieu. S’il a été très adulé, ça lui remet les pendules à l’heure", relativise la psychologue. "Après, il faut être vigilant, c’est sûr. Il faut faire un peu plus attention, prendre un peu plus de temps."
Le conseil de la spécialiste : parler, expliquer. "Cela ne sert à rien de faire la preuve par neuf qu’on aime autant les aînés que le troisième. Il faut leur répéter qu’on ne s’occupe pas d’un bébé comme on s’occupe d’un plus grand", insiste Béatrice Cooper-Royer. "Surtout, il faut être assez tranquilles. Si on est dans la culpabilité, alors les enfants le sentent et plongent dedans", prévient-elle.
Un autre conseil ? "Il faut toujours se dire qu’un enfant est content de faire quelque chose seul avec l’un de ses deux parents. Il faut sortir du mythe de tout le monde ensemble tout le temps. Pour que ça tienne, il faut séparer les combattants", sourit la psychologue.
- Pour le petit dernier
Le dernier "Royal baby" n’apparaît qu’en cinquième position dans la liste des héritiers du trône royal d’Angleterre, derrière son grand-père, son père, son grand frère et sa grande soeur. Il n’est pas pour autant à plaindre. "Les troisièmes sont souvent assez bien lotis. Les parents ont plus d’expérience, ils sont moins projetés sur lui. Il a plus de liberté. En plus, il est tiré vers le haut par les deux autres", énumère Béatrice Cooper-Royer. "Souvent d’ailleurs, il fait les choses avant, et ses aînés peuvent en prendre ombrage", s’amuse la psychologue clinicienne. "Mais tout cela est un peu gâché par le fait que le plus souvent, les plus grands s’en vont les premiers. Et il reste seul avec les parents."