Utilisée par les magiciens et les prêtres depuis l’Antiquité, ou encore aujourd’hui lors de shows télévisés grand public, l’hypnose ne vous évoque peut-être pas forcément une pratique thérapeutique. "Son aspect ‘magique’ pèse comme un (lourd) manteau poussiéreux sur l’hypnose médicale moderne", reconnaît la Confédération francophone de l’hypnose. Elle est, pourtant, utilisée en complément de la médecine traditionnelle, et ce pour de nombreux maux : stress, anxiété, confiance en soi, deuil, troubles sexuels, états dépressifs, troubles de la personnalité, addictions, allergies etc.
Depuis 20 ans, une vingtaine de formations universitaires en hypnothérapie ont vu le jour. "Cette année, ils étaient près de 400 candidats pour une vingtaine de places", assure par exemple dans Le Monde Jean Becchio, directeur du diplôme interuniversitaire d’hypnose clinique à l’université Paris-XI, évoquant "une demande croissante" de la part des patients et des professionnels de santé. En quoi consiste-t-elle exactement ? Europe 1 fait les présentations.
Hypnothérapie, de quoi parle-t-on ?
Concrètement, le praticien va, par sa voix, par un certain nombre d’exercices de visualisation ou de relaxation, placer son patient/sujet dans un "état de conscience modifiée", un état dans lequel il ne sera plus tout à fait conscient, sans non plus être endormi. Le but est de nous couper autant que possible du monde extérieur et de tout ce qui nous vient à l’esprit, pour nous plonger dans un état d’hyper-concentration, semblable à un état de transe. L’hypnothérapeute va alors pousser le sujet à entrer dans un dialogue avec lui-même, ou l’aider à trouver en lui-même des images inspirantes, sans rien lui imposer, sans lui donner de direction préétablie.
"La façon dont l’hypnose agit est maintenant connue : elle permet, par un jeu attentionnel impliquant l’imaginaire des patients, de revisiter la réalité et la façon dont le patient la perçoit. Ceci a pour effet de diminuer l’importance des symptômes d’un certain nombre de pathologies, et de développer chez l’individu des comportements inédits, lui permettant de mettre à distance le motif d’une souffrance, voire dans certains cas, de la résoudre", résume le site Hypnose.fr.
" L’hypnothérapeute considérera l’inconscient comme un ‘grand magasin de ressources’ appartenant au patient "
"Plutôt que de souligner les déficits du patient, de voir dans son inconscient un réservoir de refoulé, de traumatismes, de culpabilité, l’hypnothérapeute considérera l’inconscient comme un ‘grand magasin de ressources’ appartenant au patient et que celui-ci était jusque-là incapable de mobiliser : il reconnaîtra ses potentialités positives, ses compétences, il les renforcera et les utilisera à la résolution du problème", complète la Confédération francophone de l’hypnose (CFYTB).
Dans quels cas peut-on aller voir un hypnothérapeute ?
L’hypnothérapie regroupe un ensemble très vaste de techniques. Dans les grandes lignes, elle peut servir à :
- Réduire le stress, l’anxiété, améliorer la confiance en soi, préparer un examen ou une épreuve importante, améliorer sa communication : dans ces cas-là, le thérapeute n’est pas nécessairement un professionnel de santé. Un praticien ayant suivi une formation sérieuse (200 à 300 heures) dispensée, elle, par des professionnels de santé, peut tout à fait exercer.
- Travailler sur les violences et les séquelles de traumatismes, lutter contre les addictions, faire face à des problèmes conjugaux ou familiaux lourds, des troubles sexuels, des névroses, des troubles du comportement, accompagner un deuil : dans ces cas-là, mieux vaut aller voir un hypnothérapeute qui est aussi médecin/psychiatre ou psychologue.
- Accompagner une chirurgie, un accouchement, un traitement pour soigner vos dents ou des acouphènes, soulager des douleurs chroniques, soigner une allergie : pour ce type de problématiques également, il est vivement conseillé d’aller voir un hypnothérapeute qui est aussi médecin, ou à tout le moins un professionnel de santé (sage-femme, infirmier) sur les conseils d’un médecin.
Besoin d’exemples pour y voir plus clair ?
Vous n’arrivez pas à faire le lien entre la lutte contre toutes ces pathologies et l’hypnose ? Quelques exemples vous aideront peut-être à y voir plus clair.
- Le site de la CFYTB évoque le cas d’une patiente qui souffrait d’états dépressifs. L’hypnose lui a permis d’exprimer le complexe d’infériorité dont elle souffrait vis-à-vis de son mari. Grâce à des techniques de visualisation, elle a ensuite imaginé d’elle-même son mari comme un géant avec des pieds d’argile. "Très rapidement, l’image que la patiente avait d’elle-même et des autres se modifia avec toutes les conséquences prévisibles que cela eu sur son état de santé, son couple et son comportement plus général (activités, look, etc.)", explique la CFYTB.
- Le site de TF1 relate le cas d’un homme qui souffrait d’éjaculation précoce, que l’on poussait peu à peu à se concentrer sur sa respiration, à s’imaginer un rapport sexuel, puis à se mettre dans la peau d’un conducteur de voiture, qui avait la maîtrise de son accélérateur. "Cela permet de refaire le lien entre ce qui se passe dans le corps et dans la tête. Les hommes qui souffrent d'éjaculation précoce ne maîtrisent pas leur excitation. Là, ils apprennent peu à peu à prendre conscience de leur seuil éjaculatoire et à l'apprivoiser", commente Joëlle Mignot, sexologue.
Enfin, le site de l’émission Allô Docteurs donne l’exemple d’un hôpital qui a recours à l’hypnose pour réduire l’utilisation de produits anesthésiants lors d’opérations chirurgicales. "Comment l'hypnose agit sur la douleur ? La sensation de douleur est transmise au cerveau par l'intermédiaire de messagers, les neuromédiateurs. L'hypnose peut bloquer la circulation de ces neuromédiateurs et par conséquent de la douleur dans le corps. Elle les empêche de ‘dire’ au cerveau que tel ou tel endroit du corps souffre", explique le site.
Comment éviter les arnaques ?
Comme pour de nombreuses thérapies dites "alternatives", l’hypnothérapie attire les charlatans. Ne faîtes donc jamais confiance à un non-médecin pour les pathologies les plus lourdes (dépression, douleurs chroniques etc.) et méfiez-vous de tous ceux qui vous détourneraient d’un traitement médicamenteux. De manière générale, d’ailleurs, mieux vaut que le thérapeute soit un professionnel de santé de formation, médecin, psychologue ou infirmier. Surtout, vérifiez bien que le praticien a suivi une formation solide (200 heures minimum, auprès de professionnels de santé) et qu’il est en mesure de le prouver. Un diplôme dispensé par une université est souvent un gage de qualité. N’hésitez donc pas à lui demander où il s’est formé, à vous renseigner sur le site de la CFYTB ou à puiser dans l’annuaire du site Hypnose.fr, géré par des médecins et des professionnels de santé.
En outre, sachez que tout le monde n’est pas réceptif à l’hypnose : si vous ne voyez aucune amélioration après une dizaine de séances, il est très probablement temps d’arrêter. Un bon praticien adaptera sa pratique rapidement si vous n’évoluez pas, et vous demandera lui-même d’arrêter si rien ne se passe. Enfin, sachez que les prix (raisonnables) varient de 45 à 65 euros la séance hors métropoles et de 60 à 85 dans les métropoles.