Déjà dix jours. Dix jours que j’ai accepté de relever le défi proposé par Christine Lewicki et Emmanuelle Nave, coach en entreprise et DRH, dans leur livre J’arrête de râler au boulot (Eyrolles). Je vous le rappelle, celui-ci consiste à tenir 21 jours d’affilée sans râler au travail. L’idée n’est pas de mettre mes soucis sous le tapis, mais de mieux les identifier pour transformer mes vaines ruminations en solutions constructives. Vaste programme. Il y a dix jours, j’ai donc mis un bracelet élastique à mon poignet droit. Et je suis tenu de le changer de poignet dès que je râle au boulot (plus de détails sur la méthode par ici). Vous voulez savoir où j’en suis ?
Un succès mitigé…
C’est avec une fierté teintée de modestie que je vous annonce qu’au moment où j’écris ces lignes, mon bracelet est toujours enfilé à mon poignet droit… depuis environ une trentaine d’heures. Car en dix jours, ce dernier a bien voyagé, parfois même plusieurs fois par jour. Mon ordinateur qui rame, mes articles qui n’avancent pas, la pression de devoir les finir à l’heure, la difficulté de trouver des sujets pour ma rubrique, des informations pour les nourrir, des photos pour les illustrer, la frustration de rester entre quatre murs alors qu’il fait si beau dehors… Chaque journée de travail apporte son lot de prétextes pour râler. Samedi dernier (où j’ai temporairement délaissé ma rubrique "développement personnel" pour traiter du reste de l’actualité), j’ai même délibérément fait le choix de ne pas emporter mon bracelet à la rédaction et de repartir à zéro le lendemain : les frappes française en Syrie, et la charge de travail qui allait avec, me promettait une intense journée de râlerie.
Christine Lewicki et Emmanuelle Nave préviennent que celui qui se met sur le "chemin de la libération" risque de connaître cinq phases : le déni ("c’est faux, je ne râle pas"), l’enthousiasme ("cette méthode est géniale ça va changer ma vie"), le découragement ("c’est trop difficile je n’y arriverai jamais"), l’espoir (vous commencez à voir les changements et à comprendre les bienfaits de la méthode) et la maîtrise (vous n’avez plus besoin de la méthode). Force est de constater que pour ma part, je suis directement passé à la phase "découragement". En tout cas jusqu’à il y a 30 heures.
… Mais un réel progrès constaté
Car pour la première fois, en effet, j’ai tenu plus d’une journée sans râler. Sans non plus parler "d’espoir" (je sens que je peux craquer à tout moment) ni "d’enthousiasme" (comme je l’expliquais il y a dix jours, j’aime bien râler) face à cette petite réussite, cela met quand même un petit baume au cœur, ne serait-ce que pour l’orgueil : je n’aime pas perdre les challenges.
Baume au cœur appuyé par les retours dithyrambiques (je pèse mes mots, bien sûr) de mes collègues. "Oui, clairement, tu râles moins. On voit même les moments où tu pourrais râler et où tu te retiens, dans une sorte d’élan comprimé de râlerie. Et au fur-et-à mesure, ton bracelet change quand même moins souvent de poignet", me confie Margaux, journaliste politique et voisine attentive de bureau. Et de poursuivre : "ce qui est agréable, c’est que cela me permet de constater que je râle beaucoup, mais que tu râles encore plus. C’est plutôt déculpabilisant !" De quoi lui donner des idées ? "Je n’ai pas forcément envie de me lancer dans le challenge mais lorsque l’on est avec des gens qui râlent moins, c’est vrai que l’on a moins envie de râler. La râlerie est souvent une effet d’entrainement".
Des conseils utiles…
Force est de constater en effet que mon effort pour arrêter de râler, et donc pour appliquer la méthode de Christine Lewicki et d’Emmanuelle Nave, s’accompagne d’un certain nombre de bienfaits, ne serait-ce que pour mon bien-être personnel. Comme leur ouvrage me le conseille, j’essaie de :
- Ranger mon bureau plus régulièrement
- De m’isoler ou de marcher un peu dès que le stress monte trop,
- De noter précisément mes frustrations pour mieux les identifier et faire le tri (entre celles sur lesquelles je peux agir et celles sur lesquels je n’ai aucune emprise, devant lesquelles je dois "lâcher prise")
- De pratiquer des exercices de respiration dès que j’en ai l’occasion,
- De hiérarchiser mes priorités
- D’accorder plus de temps à mon "lien avec la nature" (je tente de me réserver une petite pause au soleil de dix minutes avant de franchir la porte de la rédaction), etc.
Autant d’exercices pratiques qui ont au moins une vertu : faire redescendre mon stress, principale source de mes râleries.
… D’autres moins
Mais tous leurs conseils ne fonctionnent pas. Certains sont tout bonnement irréalisables (difficile de rapprocher son bureau de la fenêtre lorsque l’on travaille en "open space"), d’autres ont un effet inverse à celui escompté (noter les moments agréables qui m’attendent à la fin de la journée provoque surtout en moi impatience et frustration), d’autres enfin ne m’inspirent tout simplement pas (je ne vois toujours pas, par exemple, l’intérêt de choisir des verbes qui font sens pour moi et de m’entraîner à formuler des phrases avec).
Mon objectif reste tout de même de tenir encore près de 20 jours d’affilée sans râler. Quant à savoir si c‘est le retour du beau temps, l’arrivée des vacances de Pâques ou la méthode de Christine Lewicki et Emmanuelle Nave qui m’y aura aidé, je vous donne rendez-vous au prochain épisode pour en discuter.