"Mourir, cela n’est rien. Mourir, la belle affaire. Mais vieillir… Ô, vieillir", entonnait Jacques Brel en 1977. Le docteur Pascal Douek a décidé de reprendre à son compte la complainte du chanteur. Dans Le grand livre des secrets de la longévité, paru fin mai aux éditions Leduc.s, ce médecin du sport, nutritionniste et fondateur du blog Declicattitude.com, ne propose rien de moins que de nous aider à "vieillir mieux". "Pascal Douek nous offre ici la clé de la porte du vieillissement réussi", salue Eric Boulanger, chercheur en gériatrie, dans la préface de l’ouvrage. L’idée n’est pas seulement de nous aider à vivre plus longtemps. Mais de mettre toutes les chances de notre côté pour rester en bonne santé (mentale et physique). On vous résume ce que l’on a pensé de ce livre ambitieux.
Ce que l’on trouve dans le livre
L’ouvrage part d’un constat : notre "longévité" dépend de nos gènes à hauteur de 20 à 30% seulement, le reste étant lié à notre environnement et nos comportements. En clair, nous avons une forte marge de manœuvre pour vieillir mieux. Et le livre propose de nous la détailler. "En fonction de votre style de vie, de votre métier, de vos rythmes professionnel et familial, de vos besoins, vous trouverez ici pour chaque conseil, chaque déclic, un bénéfice concret", promet Pascal Douek en introduction. L’ouvrage est "une invitation à vous promener, un parcours, qui vous conduira, je l’espère, à adopter de nouveaux comportements".
Concrètement, le livre se décompose en deux parties majeures. Dans l’une, il nous expose la manière "dont nous vieillissons aujourd’hui" (espérance de vie, nombre de centenaires, différences régionales etc.), les principaux dangers qui pèsent sur notre vieillissement (stress, tabac, sédentarité, manque de sommeil, excès d’alcool et de sucre en tête), ainsi que leurs conséquences : cancers, maladies cardiovasculaires, maladies neurodégénératives etc. Et il nous présente, études scientifiques à l’appui, les cinq axes sur lesquels tout le monde peut agir, quelle que soit sa situation géographique et sociale : nutrition, activité physique, activité cérébrale, liens sociaux et gestion du stress. Pour chacun de ces axes, Pascal Douek nous présente un certain nombre de "déclics" pour nous aider à changer de comportement, et nous explique les conséquences directes que cela peut avoir sur notre corps.
Ce que l’on a aimé
L’ouvrage est clair, précis, pédagogique et avance un nombre très riche de références, d’études scientifiques, anciennes ou récentes. Il s’adapte par ailleurs à tous les profils : petits fumeurs/gros fumeurs ou non-fumeurs, sportif ou non sportif etc.
Quant à ces "déclics", ils sont multiples et l’on y trouve de l’intérêt à chaque fois. Certains conseils sont certes "attendus", presque banals, (faire du sport 30 minutes par jour, ne pas rester plus de deux heures devant un écran hors du travail, vivre près de la nature, ne pas boire plus de dix verres d’alcool par semaine, ne pas fumer du tout, ne pas consommer trop de viande rouge…) mais le docteur Pascal Douek nous explique à chaque fois les conséquences concrètes que cela aura sur le corps, ce qui rend le livre assez motivant. En outre, on trouve aussi plusieurs conseils un peu plus surprenants. En vrac : manger du chocolat noir (faible en sucre) est bon pour le cœur et l’intestin, les noix protègent le cerveau, les pruneaux les os, et la méditation et le jardinage rajeunissent nos neurones !
Le livre nous fait également voyager, sur l’île d’Ikaria en Grèce, l’archipel d’Okinawa au Japon ou encore à Loma Linda, en Californie. Pourquoi ces endroits ? Ce sont des "zones bleues", des lieux où les centenaires vivent en nombre particulièrement élevés. On y apprend, par exemple, que les habitants d’Okinawa se nourrissent beaucoup de légumes verts, d’algues, de fruits, de riz bruns, de légumineuses, de poisson et de tofu, et que cela peut contribuer à leur longévité. On y apprend, aussi, qu’ils mangent de petites portions, et qu’ils s’efforcent à sortir de table alors qu’ils ont encore un tout petit peu faim : leur alimentation est donc plus faible sur le plan calorique.
Ce que l’on a moins aimé
L’ouvrage est riche et la plupart de ses références sont solides. Mais certaines d’entre elles laissent un peu sceptiques. Ainsi relate-t-il une étude américaine montrant l’influence (positive) d’une consommation légère d’alcool (moins de dix verres de vin par semaine) : cela aiderait à limiter certaines formes de démence. Si cette étude, menée sur des souris, est prise au sérieux par la communauté scientifique internationale, elle comporte encore plusieurs biais et continue de faire polémique. L'auteur aurait peut-être gagné à le souligner.
Le livre contient aussi quelques répétitions qui alourdissent la lecture. En outre, bien que la première partie soit très intéressante sur le fond (elle nous résume l’état des connaissances sur la longévité en 2018), l'ouvrage aurait gagné en fluidité et en concret à la raccourcir un peu. Il faut attendre 127 pages avant de passer aux "conseils" proprement dit ! Aussi, cette première partie contient une dimension quelque peu… angoissante, et risque de décourager le lecteur (cela a failli être notre cas !). Pour une raison simple : elle nous fait voir la mort et le vieillissement en face, de manière directe, presque froide, à grands coups de statistiques terribles sur l’accroissement du nombre de patients atteints de maladies neurodégénératives ou cardio-vasculaires.
À nous interroger sur notre "âge biologique" (celui de nos molécules), à nous faire voir de près les dangers que l’on encourt, à prendre conscience des dangers de la pollution ou de la sédentarité (qui sont, parfois, subis), le risque existe de prendre peur, de fermer l’ouvrage, et d’aller s’allumer une cigarette pour se détendre. Petit conseil au lecteur, donc : si cette tentation commence à poindre, filez directement à la page 127 !