Longtemps tabou voire honteuse, la sieste au travail est aujourd'hui un peu mieux acceptée en France. Depuis quelques années, certaines entreprises mettent à disposition de leurs salariés des espaces où ces derniers peuvent se reposer. C'est le cas notamment de Renault, d'Adidas ou de la l'entreprise RetailMeNot. Le Think thank Terra Nova, préconisait également dans un rapport écrit en 2016 de créer des salles de pause dédiées à la micro-sieste, une sieste de 15 et 20 minutes. Pour autant dans la majorité des entreprises, les salles de siestes ne sont que chimères. Et parce qu'il craint d'être jugé par ses collègues voire d'être sanctionné par son employeur, le salarié n'est pas toujours prêt à passer à l'action à son bureau. Bruno Comby, auteur d'Éloge de la sieste (Ed. J'ai Lu) livre quelques astuces pour franchir le pas.
- Comment en parler à son manager ?
L'un des principaux objectifs d'un manager est que son entreprise tourne et que ses employés soient les plus productifs possibles. Pour Bruno Comby, l'une des façons d'aborder le sujet avec son employeur est de lui expliquer que la sieste est un outil comme un autre pour être performant. Ces dernières années, plusieurs études ont mis en avant les bienfaits de la sieste. Selon un rapport de la Nasa, la sieste courte, de 10 à 20 minutes, augmenterait ainsi la productivité au travail de 35%. "Après une sieste, nos réflexes sont meilleurs, notre vivacité d'esprit aussi", détaille le spécialiste. "On se concentre mieux et donc on est souvent plus efficace". Ainsi, ce que le manager peut prendre pour une perte de temps se révèle souvent être un gain.
"Pour le sensibiliser, on peut lui envoyer des articles qui traitent de la question et lui montrer que pour lui aussi cela peut être bénéfique car les managers sont souvent soumis personnellement au stress", pointe Bruno Comby qui ajoute qu'il ne s'agit en rien d'aller chercher la confrontation mais simplement de sensibiliser au sujet.
- ….et à ses collègues ?
De la même façon, lancer le débat avec ses collègues peut être une première étape. "Cela peut se faire dans des moments un peu moins formels, autour de la machine à café ou lors de la pause déjeuner", suggère Bruno Comby. "Avant tout, il faut faire tomber le tabou".
- Comment et où faire la sieste au bureau ?
Toute sieste n'est pas bonne au travail. A priori s'assoupir pendant une ou deux heures - ce qu'on appelle la sieste royale - n'est pas franchement conseillé. A l'inverse la sieste flash (ou micro sieste), qui dure entre dix et vingt minutes, ou la sieste instantanée , qui consiste à s'endormir seulement quelques secondes, peuvent être facilement pratiquées. "La micro sieste peut se faire dans n'importe quelle position, accoudé à son bureau, assis sur une chaise ou bien sûr allongé dans une salle de repos", précise Bruno Comby. Certains employés trop fatigués, craignant de faire leur sieste en public, ont même pris l'habitude de piquer un petit somme aux toilettes, assure le spécialiste. "C'est possible, même si ce n'est pas du tout confortable", explique-t-il.
Pour réussir à s'endormir rapidement et à ne pas sombrer plus de 20 minutes, il faut soit être un "champion de la sieste", c'est à dire avoir la capacité de s'endormir sur commande, soit pratiquer. "Des petits exercices peuvent aider à trouver plus rapidement le sommeil", suggère Bruno Comby. "Notamment des exercices de respirations de façon à ralentir son rythme cardiaque et sa respiration".
La sieste instantanée, elle est encore plus facile à mettre en place. "Surtout elle est très discrète. Il suffit, à son bureau, de fermer les yeux, de poser ses coudes sur la table, de laisser reposer son front sur ses mains pour relâcher le cou et le dos, le tout le temps d'une grande respiration", détaille Bruno Comby. "C'est une technique basée sur la respiration inspirée du yoga.
- Quand faire sa sieste ?
Cela dépend évidemment de chacun et de son état de fatigue, mais le début d'après-midi, juste après le repas, ou le milieu d'après-midi sont souvent de bons moments pour recharger les batteries, explique l'auteur "d'Éloge de la sieste". Toutefois, ceux qui refusent catégoriquement de s'accorder quelques minutes de sommeil sur leur lieu de travail peuvent ruser. "On peut par exemple faire une sieste juste avant d'arriver au travail, dans sa voiture. Se rendre au parc ou dans "un bar à sieste" sur le temps de sa pause déjeuner ou dormir quelques minutes dans les transports en commun", énumère le spécialiste qui rappelle que la sieste ne doit en aucun cas être une contrainte, "c'est avant tout une source de plaisir et de bien être".