La frontière entre colère et violence est parfois ténue. "La violence est l'illustration d’une colère ! Il y a un ras-le-bol de cette société-là, il y a des jeunes qui ont envie d'en découdre", a commenté l’ancien candidat du NPA, Philippe Poutou, en réaction aux incidents qui ont éclaté le 1er mai à Paris.
Au-delà de ces cas extrêmes la vie de tous les jours fournit, à maintes reprises, des occasions de laisser exprimer notre colère : un sentiment d’injustice, un geste déplacé, une situation conflictuelle, des dossiers qui n’avancent pas… Mais comment éviter que cette colère aboutisse à de la violence ? Europe 1 a posé la question à la psychologue Yvane Wiart, auteure de La perversion relationnelle : Comment vaincre la violence psychologique ? (Le Courrier du livre).
À quel moment la colère se transforme-t-elle en violence ?
Tout d’abord il faut savoir qu’il existe une ‘colère saine’. La personne qui l’exprime est dans une démarche constructive, qui tente de nouer un dialogue avec autrui, de trouver un terrain d’entente. Tout dépend, donc, de ce que vous faîtes de cette colère. Si vous la laissez s’exprimer au bon moment, cela peut devenir constructif. Si vous la gardez en vous, cela peut se transformer en agressivité, et aboutir à de la violence, qu’elle soit verbale ou physique.
Comment l’empêcher ?
Il est d’abord important de prendre conscience, précisément, de la possibilité de cette colère ‘saine’, du droit que l’on a de se plaindre face à certains évènements, certains propos. Parfois, cette prise de conscience n’est pas simple et l’éducation joue un rôle important.
Lorsque l’on est enfant, une colère est souvent saine, la plainte est souvent instinctive. Mais la réaction des parents, leur façon de répondre à cette colère, peut vous conditionner différemment. Les parents peuvent répondre de manière agressive. D’autre fois, la colère des enfants n’est pas entendue, elle n’est pas suivie d’effet. Et l’enfant peut, par la suite, se dire qu’il n’est jamais légitime de se plaindre, voire va adopter plus tard lui-même un comportement agressif sans s’en rendre compte.
C’est pourquoi il est important de se répéter qu’une colère peut être légitime, constructive. Cette prise de conscience est le point de départ. Une fois que l’on a pris conscience que l’on a subi l’agression ou l’indifférence étant enfant, on a moins envie de le répéter soi-même !
Et au moment où l’on sent la colère monter, comment l’exprimer ?
L’important est de parler de soi, et non de l’autre. Dire ‘j’en ai marre de toujours faire la vaisselle’ ou ‘je suis vraiment énervé par ton attitude’ aura toujours plus d’impact que ‘tu n’en fous pas une’ ou ‘tu es vraiment un idiot ‘. La solution à notre colère se construit avec l’autre. Et si l’autre n’est pas réceptif, vous avez d’autant plus de raisons de laisser exprimer votre colère et de l’accepter.
Mais il s’agit de veiller à ne jamais entrer dans un état d’esprit agressif, où l’on cherche à nuire à autrui. Cette colère-là est malsaine, elle fait le lit du stress, des maladies cardiovasculaires. La colère saine ne cherche pas à nuire, elle cherche une solution.