Ah, la rentrée… On retrouve ses copains, on découvre ses profs, excité par cette nouvelle année qui commence. Oui mais voilà, pour certains élèves, le premier jour d'école n'est vraiment pas une partie de plaisir. C'est même plutôt courant en début de cycle, c'est-à-dire en petite section de maternelle, en CP et en sixième, ou encore en cas de déménagement. Entre les plus jeunes qui pleurent dès que la cloche a sonné ou ceux qui ne cachent pas leur déception une fois les grilles passées, comment gérer la "déprime" de son enfant en ce lundi de rentrée ? Pas de panique, Europe1.fr a posé la question à plusieurs spécialistes.
"La première des choses à faire, c'est de le consoler"
Ça y est, la journée est finie, et vous retrouvez enfin votre enfant. Forcément, la tentation est grande de l'assaillir de questions. Mais après le conventionnel "comment ça s'est passé ?", mieux vaut calmer le jeu, surtout si la réponse est négative. "Ce n'est pas terrible de faire la discussion dans la rue", conseille par exemple Isabelle Pailleau, psychologue clinicienne et thérapeute familiale. "Sinon, ça entretient la moulinette à anxiété. Non, il faut plutôt lui laisser le temps de digérer et répondre quelque chose comme : 'Ah zut, pas de chance, allez viens on rentre, on va se faire un petit goûter sympa et on s'en parle après'".
"La première chose à faire, c'est de le consoler", confirme le pédopsychiatre Stéphane Clerget, auteur notamment de Réussir à l’école : une question d’amour ?."Et une fois qu'il est calmé, qu'il nous raconte en détail sa journée : ce qu'il a aimé et ce qu'il n'a pas aimé".
"Il est primordial d'encourager le dialogue"
Car il est très important de mettre des mots sur les maux, en verbalisant ses émotions, quelles qu'elles soient. "Il faut écouter son enfant. S'il trouve la maîtresse trop sévère par exemple, lui demander : 'Elle est sévère comment, est-ce que tu peux me dire ce qu'elle a fait ?' Plus il videra son sac, mieux ça ira", reprend Isabelle Pailleau, qui incite ainsi à poser des questions ouvertes à son enfant, afin de l'inviter à s'exprimer un maximum sur des aspects concrets de sa journée : comment sont les profs, comment la journée s'organise-t-elle, dans quelle classe sont ses copains, est-ce que la cantine est bonne, etc.
Car derrière un simple "je n'aime pas l'école" se cache toujours un mal plus précis, parfois même plus profond. "En disant cela, l'enfant parle de quelque chose qui ne lui plaît pas et le projette sur l'école. Peut-être même qu'il s'agit là d'une façon de dire quelque chose à ses parents, qu'il n'aime pas être séparé d'eux parce qu'ils ne sont pas très disponibles le reste du temps, par exemple…", analyse de son côté Gérard Schmit, professeur de pédopsychiatrie à l'UFR de médecine de Reims. "Il est primordial d'encourager le dialogue".
Et s'il ne veut pas du tout parler ? Dans ce cas, "on peut lui demander de faire un dessin de son école, de comment est sa classe, un dessin de sa maîtresse ou de son maître", préconise Stéphane Clerget. Une technique qui peut ainsi permettre à l'écolier de tourner la situation à la dérision. Pour les plus âgés, d'autres méthodes existent néanmoins. "Le problème au collège, c'est qu'ils n'aiment pas trop parler d'eux. Mais on peut par exemple leur demander si tout le monde va bien dans leur classe, si personne n'a de difficultés... Parfois, le jeune ado évoquera l'un de ses camarades et ce sera aussi une façon de parler de lui", poursuit le spécialiste.
Oubliez les "ce n'est rien", préférez les "je comprends"
Une fois que votre enfant a vidé son sac, reste à savoir comment réagir à ses plaintes ou ses regrets. La première posture, rappelle Isabelle Pailleau, c'est de s'abstenir de vouloir donner des conseils. "Il faut éviter les 'moi je serais toi' ou 'tu devrais faire ça.'"
S'abstenir de donner des conseils, mais aussi prendre en considération ses émotions, sans les nier. "Il ne faut pas dire 'mais non, tu vas voir, ce n'est rien' ou 'ce n'est pas grave, tu verras tes copains à la récré'. Le plus important, c'est de dire : 'je comprends que tu sois déçu, je reconnais que ce que tu vis, ce n'est pas chouette'. Mais pour autant, il faut laisser la porte ouverte'", recommande encore la co-auteure du best-seller Apprendre autrement avec la pédagogie positive.
Rassurez-le sur la suite "à moyen terme"
L'enfant qui a détesté sa première journée a évidemment besoin d'être rassuré. Oui, cette journée s'est mal passée, mais peut-être que dans les jours suivants, la situation va évoluer positivement. "Le court terme, ce n'est pas viable parce qu'il va vite voir que le lendemain ça ne va pas mieux et le long terme, c'est trop loin", précise néanmoins le pédopsychiatre Stéphane Clerget. "Un mois, c'est bien. En général, c'est ce qu'il faut pour s'adapter à un nouveau lieu", ajoute-t-il.
"Au bout d'une semaine, on peut aussi l'inviter à supporter ces choses-là en lui montrant les bons côtés : 'les copains tu peux les recroiser à la récré', 'on peut les inviter à la maison' et lui expliquer comment créer des liens nouveaux avec des nouvelles personnes. C'est l'occasion de travailler sur comment communiquer, comment s'ouvrir aux autres. Ce sont de toute façon des situations qu'il rencontrera plus tard".
"Il n'y a pas d'inquiétude à avoir"
Hé oui ! Il est important de comprendre que ces situations sont très communes, notamment pour les petits qui entrent en maternelle, et qui n'ont pas été en crèche auparavant par exemple. Toutefois, si rien ne change après quinze jours, n'hésitez pas à aller en discuter avec l'instituteur. "Si par exemple, le petit pleure quand on le dépose et quand on va le rechercher parce qu'il veut nous faire comprendre qu'il n'a pas aimé, mais que pendant toute la journée, ça s'est bien passé, il n'y a pas d'inquiétude à avoir", glisse Stéphane Clerget.
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Le maître-mot doit donc rester sérénité. "Beaucoup de parents sont un peu trop dans la préoccupation de se dire : 'il faut que mon enfant soit heureux'. Cela les empêche de prendre conscience qu'il y a une réalité qu'on ne peut pas manipuler, qu'on ne fait pas toujours ce qu'on veut", lance ainsi le pédopsychiatre Gérard Schmit. "Le problème, c'est que ce sont souvent les parents les plus anxieux, et que la situation prend parfois une tournure tragique, surtout si eux-mêmes ont été confrontés à des problèmes scolaires plus jeunes..."