La zone A sera en vacances dès ce week-end. Les zones B et C suivront, jusqu'au 30 avril. Et beaucoup d'entre-nous les attendent avec impatience. Pourtant, les congés ne sont pas toujours les moments de détente tant espérés. Certains parmi nous peinent à décrocher véritablement du travail. D’autres ont prévu un planning tellement chargé qu’ils n’auront peut-être pas une minute à eux. D’autres encore seront frustrés, déçus, épuisés par les imprévus, la foule, un train en retard ou un logement qui ne correspond pas à la photo de l'annonce sur internet. Sans oublier qu’en vacances, les familles et les couples devront composer, 24h/24, avec les envies et humeurs des autres membres du foyer.
La question n’est pas à prendre à la légère. Certains psychologues parlent même de "burn out estival", terme inspiré des vacances d’été mais qui peut s’appliquer à toutes les vacances. Comment réussir à déconnecter vraiment ? Voici quelques conseils.
Ne prévoyez pas trop de choses, n’espérez pas trop
Les psychologues sont unanimes là-dessus : la meilleure manière de réussir à lâcher prise, c’est de ne pas être trop ambitieux sur ses vacances. Il s’agit d’éviter d’être déçu ou de ne pas stresser à l’idée que cela puisse mal se passer. Les plannings surchargés, avec des activités prévues heure par heure, ne sont donc pas conseillés. On vous suggère plutôt d’identifier une ou deux priorités, pas plus, des choses incontournables à faire que vous ne voulez pas louper pendant ces vacances, et de laisser une large place à l’imprévu, aux plaisirs simples, voire à l’ennui (dans un article ici, nous vous suggérions trois raisons de se réjouir de n’avoir rien à faire).
En clair, privilégiez la qualité plutôt que la quantité. "Si les quelques jours/semaines destinées à régénérer votre esprit, votre corps et vos relations avec vos proches sont parasitées par la logistique ou la pression de devoir être au top sur tous les plans, vous êtes bon pour le pétage de plomb ou les maux d'estomac avant la rentrée !" avertit la psychologue Marie-Estelle Dupont. "C'est le moment de revoir vos exigences, en distinguant celles qui vous sont propres et celles qui viennent de la culpabilité ou de la peur d'être jugé", poursuit-elle.
" Le grand danger est la rumination mentale "
Pour les enfants, vous n’êtes pas, non plus, obligé d’avoir des choses de prévu tout le temps. L’ennui, propice à l’imagination, peut aussi leur être bénéfique. "Il est essentiel de respecter le penchant inné de l’enfant pour un temps personnel échappant au contrôle des adultes", écrit le psychanalyste Etty Buzyn dans Papa, maman, laissez-moi le temps de rêver ! Dans ces moments, contentez-vous de rester à leur disposition, et de répondre à leurs questions s’ils en ont.
Laissez le boulot au boulot
Le travail peut vous gâcher les vacances. Sur la plage, en pleine forêt, devant un film… À tous moments, vos dossiers laissés en suspens au bureau peuvent venir s’immiscer dans un coin de votre tête et vous préoccuper toute la journée. Face à cela, il n’existe pas de recette miracle. Idéalement, terminez vos dossiers avant de partir. Si vous pouvez déléguer à des collèges certaines tâches, faites le et efforcez-vous de leur vouer une confiance absolue.
"Le grand danger est la rumination mentale", poursuit Xavier Alas-Luquetas, spécialiste des risques psychosociaux, cité par Le Figaro. Face à cela, il existe une astuce toute simple. "Pendant les quelques jours de transition où vous passez de la suractivité à la sous-activité, coucher donc sur papier vos préoccupations. Cela vous permet d'alléger cette charge mentale", conseille-t-il, évoquant un "moment de catharsis" : "Cette prise de recul permet de balayer toute la pollution autour de soi et de se consacrer véritablement à ses vacances".
Evitez également d’envoyer des mails important la veille de votre départ, vous risquerez d’avoir continuellement envie de regarder si l’on vous a répondu (pensez d’ailleurs à mettre un message d’absence sur votre boîte mail). Certains coachs recommandent également de se forcer à délaisser son smartphone autant que possible : laissez-le à la maison quand vous sortez, éteignez-le quelques heures, une journée, deux jours d’affilés etc. Certains, même, préconisent de partir avec de vieux téléphones portables ! Cela vous garantit de rester joignable en cas d’urgence, mais cela vous coupe de vos mails et des réseaux sociaux.
Cherchez l’harmonie entre temps pour soi et temps pour la famille...
Le plus souvent, les vacances ne dispensent pas complètement des tâches ménagères, de faire les courses, de s’occuper des enfants. En famille, donc, vous pouvez prendre le temps, un peu avant de partir, de discuter de la répartition des tâches et des attentes de chacun. En vacances, si le sol de la cuisine n’est pas parfait, ce n’est peut-être pas si grave. À l’inverse, si votre conjoint(e) dit qu’il/elle ne supportera pas que l’aspirateur ne soit pas passé de la semaine, entendez le/là également et mettez-y du vôtre. Vous pouvez en discuter avant, voire écrire les règles si les autres sont d’accord. Si tout ne se passe pas comme vous le souhaitez, confiez votre sentiment plutôt que d’adopter un ton accusateur. Dire "je suis fâché, ça me rend triste" aura souvent plus d’impact que "tu es un fainéant".
" Soyez tendres l’un envers l’autre. Ronronnez ensemble. Le reste viendra ensuite ! "
N’oubliez pas de vous prévoir des temps rien que pour vous, et ne dramatisez pas si vous n’aimez pas tous les mêmes choses dans la famille. Si votre conjoint(e) "préfère lézarder au soleil plutôt que d’organiser un concours de châteaux de sable ou s’installer en terrasse pour lire son journal et siroter un apéro pendant que vous donnez les bains, restez zen. Négociez avec lui/elle qu’il/elle s’occupe des enfants pendant que vous irez chiner à la brocante", suggère la psychologue Catherine Marchi. Surtout, il est conseillé de ne pas se servir des vacances pour régler ses comptes, que cela soit avec votre conjoint(e) ou vos enfants. Ce n'est pas en quelques jours "que vous allez vous ressourcer et reconquérir votre femme et mari, apaiser votre préado", rappelle Marie-Estelle Dupont.
Vous pouvez, également, vous fixer chaque jour des heures dédiées à un moment en famille, un pique-nique tel jour, deux heures de jeux de société tel jour, une balade tel autre jour… Avec les enfants, les vacances peuvent aussi être l’occasion d’un peu de souplesse dans les habitudes : "On peut déjeuner plus tard si on part en excursion, zapper éventuellement la sieste, prendre un énorme goûter, grignoter des chips en guise de repas", assure Catherine Marchi.
... Et n'oubliez pas le couple !
Pour les non célibataires, les spécialistes recommandent, également, de garder du temps pour le couple, rien que pour le couple. N’hésitez donc pas à faire garder vos enfants si vous le pouvez. Profitez d’un moment en amoureux : un restaurant, une ballade, une pièce de théâtre. En n’oubliant pas que l’autre ne sera peut-être pas parfaitement à la hauteur de toutes vos attentes : elle ou il aussi, est fatigué(e). "Soyez tendres l’un envers l’autre. Ronronnez ensemble. Le reste viendra ensuite !", conclut Catherine Marchi.
Les trois choses à retenir
- Ne prévoyez pas trop de choses pour les vacances : concentrez-vous sur une ou deux priorités
- Boycottez vos mails et si vous pensez trop au boulot, notez vos préoccupations sur papier pour passer à autre chose
- Définissez en amont la répartition des tâches avec votre conjoint(e), prévoyez des temps pour vous SEUL(E), pour la famille et pour le couple
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