Les infirmiers-anesthésistes ont réussi leur mobilisation. Alors que la profession ne compte qu'environ 9.500 praticiens, près de 2.000 ont manifesté mardi et ils auraient pu être bien plus nombreux : de nombreux grévistes étaient réquisitionnés pour le bon fonctionnement des établissements de santé. Une nouvelle fois, ils sont descendus dans la rue pour réclamer une reconnaissance de leur profession et une revalorisation salariale.
"Cela fait trop longtemps qu'on nous promène". "On ne se laissera pas endormir, c'est nous qui endormons", a lancé l'un des manifestants à la foule de personnes rassemblées aux abords du ministère de la Fonction publique et du musée d'Orsay, avant que le cortège ne démarre en direction du ministère de la Santé, à grands coups de sifflets et en musique. "La profession est excédée : cela fait trop longtemps qu'on nous promène", a également martelé le chef de file du SNIA (syndicat national des infirmiers anesthésiste).
En direct de la manif des Iade... ça défile, ça défile... et ça défie aussi ! @SNIA75@GeraldDelaruepic.twitter.com/9L2ekJedc0
— Infirmiers.com (@infirmierscom) 22 mars 2016
Entre 1.700 personnes, de source policière, et 3.200, selon les organisateurs, étaient venues de toute la France (Strasbourg, Nice, Nantes, Nouméa...) à l'appel de l'intersyndicale FO, CGT, Snia, Unsa et ANEIA (association nationale des étudiants infirmiers anesthésistes).
Que réclament les manifestants ? Pour devenir infirmier-anesthésiste, il faut suivre une formation d'infirmier en trois ans et justifier d'une expérience d'au moins deux ans pour ensuite accéder à une spécialisation complémentaire de deux ans, soit cinq années d'études. En 2014 déjà, ces professionnels, qui exercent majoritairement dans les hôpitaux, avaient obtenu du gouvernement le grade master en reconnaissance de leur niveau bac plus 5, mais les revalorisations salariales n'ont pas suivi. Un infirmier-anesthésiste gagne "2.800 euros en toute fin de carrière", quand son niveau d'études en mériterait 700 de plus environ, a argumenté le président du Snia, Jean-Marc Serrat.
Outre ce combat salarial, les infirmiers-anesthésistes se sentent lésés par la loi Santé, qui prévoit l'instauration d'une nouvelle catégorie de paramédicaux, des professionnels intermédiaires ou infirmiers dits "de pratique avancées" (IPA), dont le domaine d'intervention est élargi (possibilité de prescrire, de réaliser des actes techniques comme des injections) et l'autonomie reconnue.
Que répond le gouvernement ? La ministre de la Santé Marisol Touraine a rappelé mardi sur RMC que des "négociations (étaient) engagées" jusqu'à l'été notamment "sur la manière dont s'organisent les relations entre infirmiers et médecins-anesthésistes" et sur "l'évolution du métier". Viendra ensuite, "à partir de l'été prochain", le "chantier" sur une possible revalorisation de la rémunération qui doit permettre "de reconnaître à la fois le parcours professionnel des infirmiers anesthésistes et l'évolution de leur exercice", a déclaré la ministre à l'Assemblée nationale. "C'est le message" qui est transmis à la délégation reçue dans l'après-midi au ministère de la Santé, a-t-elle ajouté.