AMBITION. Non, la France n'a pas demandé de privilège. Le ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, a affirmé mardi qu'il n'avait pas quémandé de délai supplémentaire pour ramener le déficit public de la France sous le seuil, fixé par Bruxelles, de 3% de son PIB. "J'ai toujours dit que je n'ai pas cherché de délai", a affirmé Michel Sapin à l'AFP, réaffirmant l'objectif de fin 2015 auquel il s'était engagé.
Michel Sapin avait pourtant lui-même annoncé, avant son départ pour Washington où il a fait cette sortie, qu'il voulait "discuter" avec la Commission européenne du "rythme" de la réduction des déficits français. Un message qui avait été interprété comme un renoncement au retour aux 3% d'ici l'an prochain. La France avait déjà bénéficié de deux reports.
Il y croit... Si la France n'ira pas quémander un nouveau délai à Bruxelles, c'est que le gouvernement croît en ses chances. "L'objectif dit des 3% est un objectif que nous devons maintenir", a déjà fait savoir Michel Sapin jeudi dernier, lors d'une conférence de presse. Il a ensuite clairement précisé qu'il entendait y parvenir en 2015. Sans être trop ambitieux, le ministre avait assuré que le respect, dès l'an prochain, des règles européennes sur les déficits était "dans l'ordre du faisable". Un engagement modéré, mais qui va plus loin que celui de ses prédécesseurs.
... Plus que Moscovici. Le prédécesseur de Michel Sapin, Pierre Moscovici, évitait soigneusement depuis des mois de prononcer ce chiffre fatidique, préférant parler des "engagements de la France". "Le ministre de l'Économie a néanmoins refusé de prononcer le mot de '3%', souriant et ironisant à mesure que les journalistes lui reposaient la question", racontait ainsi La Tribune en février, relatant l'une des dernières conférences de presse de l'ex-patron de Bercy.
La Commission européenne, elle, ne semble d'ailleurs plus y croire et prévoit de son côté un déficit français à 3,9% en 2015. La marche sera en effet très haute à franchir, puisque le pays part d'un déficit public plus élevé que prévu l'an dernier, à 4,3% du PIB.
Pourquoi Sapin est confiant. Le nouveau ministre des Finances, tout comme Manuel Valls d'ailleurs, n'en démord toutefois pas encore. Et pour cause, certains indicateurs sont encourageants : le FMI a a surpris mercredi, en prévoyant un déficit public français à 3% en 2015. Pour revenir dans les clous, Michel Sapin a répété qu'il n'était pas question d'augmenter à nouveau les impôts, mais de passer exclusivement par des économies, d'un montant de 50 milliards d'euros en trois ans.
"On peut faire de très grosses économies sans toucher aux droits fondamentaux des Français", a martelé le ministre. Le gouvernement français espère par ailleurs bénéficier pour ses projets de réduction des déficits d'un surcroît de croissance après les annonces faites récemment par le Premier ministre Manuel Valls. Son programme passe à la fois par une réduction du coût du travail, un coup de pouce fiscal pour les bas revenus, et des réformes structurelles portant en particulier sur l'organisation territoriale (division par deux du nombre de région, suppression des conseils généraux).
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