Le chiffre. "Environ 400.000 tentatives de recrutement sont abandonnées chaque année faute de candidat", selon un rapport du Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) publié mardi. Ces difficultés s'expliquent par trois facteurs : le "déficit d'attractivité de certains métiers", "l'inadéquation" entre les compétences attendues et celles des candidats et enfin "le manque de fluidité" du marché du travail, notamment par exemple la faible mobilité géographique.
Les solutions ? Pour lutter durablement contre ces difficultés, le COE juge nécessaire d'avoir une "offre de formation plus réactive", mais aussi d'"améliorer l'attractivité" de ces emplois, via notamment des négociations sur les salaires.
Il suggère aussi de "faire évoluer les méthodes de recrutement vers une approche par les compétences". Les annonces "durablement non pourvues (...) devraient faire l'objet d'un suivi particulier" de Pôle emploi et les demandeurs d'emploi aux compétences requises devraient être recherchés "au-delà du bassin d'emploi concerné" avec des "aides à la mobilité renforcées", préconise aussi le rapport.
Quels secteurs sont concernés ? Les métiers où les difficultés de recrutement sont les plus grandes sont relativement connus (métiers des industrie mécanique, de l'électricité et de l'électronique, de la santé, ou encore de l'hôtellerie-restauration et des aides à domicile), mais il existe d'"importantes disparités locales", observe enfin le COE.
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"On met des annonces, et c'est l'enfer." Illustration de ce phénomène avec Jean-Noël Julien, patron d'une boulangerie qui emploie 28 personnes à Paris. Pendant deux ans, il a cherché une responsable des ventes via Pôle Emploi. En vain. Et pourtant, le poste qu'il proposait était payé 1.700 euros net par mois avec en prime un studio à disposition au-dessus de la boulangerie.
Jean-Noël Julien explique, résigné : "On ne trouve pas de candidats. On met des annonces, et c'est l'enfer. Ou alors c'est des gens qui n'ont pas du tout les compétences pour faire ce métier. Des gens qui ne savent pas compter, dire bonjour, merci, au revoir..."
"Ce n'est pas simple tous les jours." Pour s'en sortir, Jean-Noël Julien n'a pas eu d'autre choix que de demander à ses salariés de travailler plus. Lui aussi a du mettre la main la pâte. Résultat : une équipe sous pression et éreintée. Il raconte : "On est obligé de se débrouiller avec l'équipe en place. Et ce n'est pas simple tous les jours. C'est des heures en plus. Du stress quotidien."
Finalement, Jean-Noël Julien a décidé de retirer son annonce des listes de Pôle Emploi pour chercher lui-même sa responsable des ventes. Il a repris contact avec l'une de ses anciennes vendeuses, partie il y a huit ans à la campagne. Seule solution, pense-t-il aujourd'hui, pour trouver ce qu'il cherche depuis deux ans.