L'inquiétude. La querelle que se livrent la France, l'Europe et Daimler au sujet de l'homologation des nouvelles Mercedes Classes A, B et CLA pourrait avoir des conséquences désastreuses en terme d'emplois, préviennent lundi les concessionnaires de la marque à l'étoile. L'interdiction d'immatriculer ces modèles dans l'Hexagone, décidée mi-juin par le gouvernement, pourrait même entraîner 1.600 suppressions de postes en France, sur les 11.000 que compte le réseau, soulignent les vendeurs dans un courrier adressé au ministère de l'Écologie et dévoilé par Les Échos lundi.
Le chiffre. C'est le premier chiffrage des conséquences de la décision française de fermer le marché aux nouvelles Mercedes : 5.000 voitures déjà vendues ne peuvent pas être livrées, assurent les concessionnaires, qui s'alarment de voir les clients se détourner de leur concession. "Nous craignons sérieusement que cette situation ne mène au dépôt de bilan de certains membres du réseau déjà fragilisés aujourd'hui", s'inquiète le courrier. Selon lui, les ventes de la marque en France ont chuté de 20% depuis juin.
Pourquoi Mercedes ne peut pas livrer ses voitures ? Depuis le 1er janvier 2013, tous les constructeurs en activité sur le sol européen doivent se plier à une directive de Bruxelles les obligeant à équiper leurs nouvelles gammes d'un gaz réfrigérant, utilisé dans le système de climatisation, moins polluant. Mais Mercedes ne l'a pas fait. Daimler, propriétaire de Mercedes, juge en effet le nouveau gaz plus dangereux que l'ancien : il serait plus inflammable après un accident. La marque allemande a donc continué à commercialiser les Classe A, B et SL, sans les équiper du nouveau gaz.
Les clients "pris en otage". Conséquence de ce refus de se mettre aux normes : ces modèles se sont vus fermer le marché français en juin. Et tous les clients qui en ont commandé se voient interdits d'être livrés. "Au départ, j'ai cru à une blague. Bloquer un véhicule pour un problème de climatisation, c'est hallucinant. C'est surtout qu'on est abandonné par Mercedes. Si on accepte les véhicules qu'ils nous prêtent en substitution, on accepte le retard et on ne peut pas se diriger vers une autre marque", déplore au micro d'Europe1 Karim, client de la marque à l'étoile, qui avoue se sentir "pris en otage entre l’État et Mercedes".
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Comment réagissent les autorités allemandes ? Berlin a été directement mise en cause par Bruxelles, qui soutient la France sur ce dossier, puisque l'Allemagne a autorisé Mercedes à vendre ses nouveaux modèles. La Commission européenne a donc donné à l'Allemagne jusqu'à mi-août pour justifier cette autorisation. Si Berlin n'y parvient pas, la Commission lancera une procédure d'infraction. Pour défendre cette autorisation, les autorités allemandes effectuent en ce moment des tests pour déterminer si le nouveau gaz est dangereux, comme le soutient Daimler, qui attend avec impatience le verdict.