Parmi les entreprises qui répondent à la demande du président de la République de verser une prime à leur salariés, les plus généreuses sont généralement les PME, selon une enquête de l’Association des directeurs des ressources humaines dévoilée lundi par "les Echos".
Le 10 décembre dernier, le mouvement des "gilets jaunes" battait son plein. Pour tenter d'éteindre la grogne, Emmanuel Macron demandait notamment aux entreprises de verser des primes à leurs salariés. Deux mois plus tard, 74% d'entre elles ont répondu favorablement à l'appel du président et décidé de verser un bonus à tout ou partie de leurs employés. C'est du moins ce qui ressort d’un sondage réalisé par l’Association des directeurs des ressources humaines - donc les cadres qui sont aux premières loges en matière de rémunérations -, consulté par Les Echos.
Les PME particulièrement généreuses. À titre de comparaison, la prime Sarkozy de 2011 n’avait été versée que par 11% des entreprises. Cette étude, qui porte surtout sur des entreprises petites et moyennes, montre que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas que les grands groupes qui ont répondu à l’appel du président de la République. Les PME sont parfois même plus prodigues que la moyenne.
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En moyenne, les entreprises ont décidé de verser 532 euros par salarié. Et parmi elles, les plus généreuses, ce sont donc les entreprises de moins de 50 salariés, avec une moyenne de 687 euros. Certes, il faut rappeler qu’au-delà de 50 salariés, la participation est obligatoire et que vient parfois s'y ajouter un accord d’intéressement. C’est sans doute en partie pour cela que dans les entreprises de 50 à 300 salariés, on tombe à 530 euros en moyenne. Pour les structures de 300 à moins de 1.000 employés, la prime tourne autour de 467 euros. Et on remonte à 583 euros pour les entreprises de plus de 1.000 salariés.
La grande distribution restreint ses primes. Les très grands groupes ne sont donc pas forcément les plus généreux. La somme versée dépend beaucoup de leur situation économique et du secteur concerné. La distribution, par exemple, qui a beaucoup souffert à cause des "gilets jaunes", n’a pas versé beaucoup de primes : 200 euros chez Carrefour ou chez Auchan par exemple. À l’autre bout du spectre, Total a versé une prime de 1.500 euros à tous ses salariés. Un geste d'autant plus exceptionnel que dans la plupart des entreprises, la prime est réservée aux salariés qui touchent moins de trois fois le Smic, ceux pour qui elle est défiscalisée.
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Une économie pénalisée par le mouvement. Cette prime accompagne beaucoup d’autres mesures destinées à calmer la grogne, pour un total de plus de 11 milliards d’euros. Or aujourd’hui, le tort causé par le mouvement des "gilets jaunes" à l’économie est devenu considérable : plus de 72.000 personnes en chômage partiel dans plus de 4.900 entreprises, selon les chiffres communiqués par le ministère du Travail. Les faillites sont reparties à la hausse. La CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises, alerte depuis trois mois sur une situation de plus en plus catastrophique dans le commerce. À ce train, la durée du mouvement et sa radicalisation pourrait finir par porter un frein au versement de nouvelles primes et à l'augmentation des salaires.