Les actionnaires des entreprises cotées à Wall Street vont recevoir 914 milliards de dollars cette année, soit environ 725 milliards d'euros. Cela ne représente pas moins de 95% des bénéfices réalisés par ces sociétés, inscrite sous l'indice S&P 500. Un record. À titre de comparaison, en Europe, les entreprises ne reversent en moyenne "que" 65% des profits.
Ces données sont certes à prendre avec des pincettes, car des entreprises ont versé plus que d'autres. Mais elles n'en sont pas moins significatives.
Elles préfèrent ne pas investir. La plupart de ces versements sont en effet dus à des rachats d'actions : les entreprises rachètent leurs propres titres, ce qui permet de grossir les statistiques du rendement des actions. Les rachats de titres ont augmenté de 30% en 10 ans, quand l’investissement a reculé de près de 50%. "On fait de l’investissement quand on a des projets de croissance. En attendant, les entreprises préfèrent redistribuer des liquidités aux actionnaires", explique Fabrice Théveneau, analyste chez Société générale, cité par Les Echos. En clair, faute d'espoir sur le redémarrage de l'économie, elles mettent l'argent ailleurs.
BlackRock, le numéro un mondial de l'investissement, a d'ailleurs tiré la sornette d'alarme la semaine dernière, pour demander un meilleur partage des bénéfices afin de ne pas trop plomber la croissance. Comme le souligne Guillaume Maujean, dans un édito pour Les Echos : "Tout Wall Street y a intérêt. La dernière fois que le S&P 500 a autant gâté ses actionnaires, c'était en 2007, à la veille de la plus grave crise financière mondiale."