L'agence de notation Fitch a confirmé vendredi la note AAA de la France tout en l'assortissant d'une perspective négative. Ces dernières semaines, Standard & Poor's et l’agence Moody’s avaient également fait part de leurs doutes sur le maintien du triple A français. Pourtant, il y a un an, Standard & Poor's confirmait le triple A de la France, estimant que le pays faisait le nécessaire pour atteindre son objectif de réduction du déficit budgétaire. En juin dernier, cette même agence de notation prévenait qu'elle pourrait mettre en cause le triple A accordé à la France à l'horizon 2020, si celle-ci n'amplifiait pas la réduction de ses déficits.
Mais deux plans de rigueur plus tard, la France reste sous pression et pour certains, la perte du triple A est imminente. Si bien que depuis le début de la semaine, l’exécutif est sur les rangs pour tenter de dédramatiser.
"Pas un cataclysme"
Le président Nicolas Sarkozy a donné le ton lundi dans une interview au Monde, assurant que "ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable". La perte du triple A "ne serait pas un cataclysme", même si elle ne serait pas une "bonne nouvelle", a encore estimé mercredi le chef de la diplomatie française Alain Juppé, dans une interview aux Echos. Jeudi, c’était au tour du Premier ministre de préparer les esprits.
Depuis le Brésil, François Fillon a jugé probables de nouvelles "secousses", même si "ce qui importe, ce n'est pas (le) jugement d'un jour" des agences de notation mais "la trajectoire politiquement structurée et budgétairement rigoureuse" suivie par Paris et Bruxelles.
De son côté, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, pourtant pas en première ligne sur ce dossier, a concédé qu'un abaissement de la note serait un "inconvénient en plus". Mais, selon elle, l'exemple des Etats-Unis a montré que l'on "pouvait vivre avec" et que "l'économie continuait à tourner". Comme les ministres des Finances et du Budget, François Baroin et Valérie Pécresse, elle s'est employée à minimiser la menace particulière qui pèse sur Paris.
Les économistes avaient préparé le terrain
Un discours qui vise, aujourd’hui, à préparer l’opinion au pire, même si plusieurs économistes ont expliqué ces derniers mois que la France avait déjà, dans les faits, perdu son triple A. Le mois dernier, alors que Standard & Poor’s gaffait sur la note de la France, Jacques Attali avait estimé que la France avait déjà perdu de facto sa note triple A - compte tenu du grand écart entre les taux d'emprunt d'Etat consentis à la France et ceux, plus favorables, accordés à l'Allemagne.
"Cela fait 10 ans que la France ne mérite plus son triple A, il faut être clair : en termes de dérapages budgétaires, on ne mérite pas notre triple A depuis déjà une dizaine d’années", avait affirmé sur Europe 1 de manière abrupte Marc Touati, économiste chez Assya Compagnie financière. "La question n’est donc pas de savoir si la France va perdre le triple A, c’est quasiment fait, la question est quand ?", avait-il conclu. L’économiste pourrait bientôt avoir sa réponse.