Le Médiateur du crédit est moins sollicité. Selon les informations d'Europe 1, en 2014, les entreprises ont déposé 16 % des dossiers en moins auprès de cette instance, créée en 2008 et chargée de régler à l'amiable les conflits entre les entreprises et les banques. Signe que les entreprises ont moins besoin d'une médiation dans l'accès au crédit. Mais faut-il y voir une bonne ou mauvaise nouvelle ?
La crise en guise d'explication… A priori, il s'agit d'une mauvaise nouvelle. La crise perdure et les entreprises ont moins l'occasion d'investir pour se développer. Du coup, elles cherchent moins à emprunter. "Les entreprises ont été davantage confrontées à la faiblesse de leurs carnets de commandes et à des perspectives incertaines, entravant leurs projets d’investissement et de développement, qu’à une difficulté de financement", avance Fabrice Pesin, le Médiateur national du crédit, en guise d'explication.
… La relance du crédit aussi. Mais cette baisse des saisines du Médiateur s'explique aussi par un meilleur comportement des banques vis-à-vis des entreprises, qui n'ont, du coup, plus forcément besoin de faire appel au Médiateur. Pas moins de huit PME sur dix ont ainsi obtenu les crédits de trésorerie qu'elles réclamaient en 2014, selon la Banque de France. Une augmentation significative puisqu'un an plus tôt, moins de sept entreprises sur dix avaient eu une réponse positive de leur banque. Pour la première fois, les taux d'obtention sont même plus élevés en France qu'en Allemagne.
Principale explication : l'action de la Banque centrale européenne. En baissant ses propres taux d'emprunt et en annonçant un rachat massif de dette publique détenue par les banques privées, la BCE a contribué à la réouverture des robinets à crédit. En outre, le marché du prêt aux entreprises est devenu très concurrentiel. Les établissements n'ont donc pas hésité à baisser leurs marges pour attirer des clients. Le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), voté en 2012 et entré en vigueur en 2013, contribue également à ce moindre besoin de médiation.
Les TPE : le défi de 2015. Tout va donc pour le mieux dans l'accès au crédit bancaire ? Pas forcément : les TPE (moins du 10 salariés) continuent d'inquiéter. Certes, les banques ont accordé, en 2014, 2,1% de crédits en plus au TPE qu'en 2013. Mais cela n'a pas fait baisser pour autant le nombre de faillites des entreprises de cette taille. Alors que les faillites de PME (-8,8%, niveau le plus bas depuis 2008) et d'entreprises de taille intermédiaire (-16,7%) ont baissé en 2014, le nombre de TPE à mettre la clé sous la porte a cru de 18%.
Le Médiateur, pour 2015, promet donc qu'il jouera "pleinement son rôle" pour aider "notamment les TPE" à "retrouver des marges de manœuvres financières". "Le contexte économique de 2015 est plus favorable, donc la demande de crédits devrait être plus forte. La question est de savoir comment répondra le secteur bancaire ?", s'interroge Fabrice Pesin, contacté par Europe1. Et de poursuivre : "la politique de rachat de dette souveraine mise en œuvre par la BCE va donner encore plus de marges aux banques. Est ce que cette fois les TPE en bénéficieront ? C'est la question qui reste posée."
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