L'avenir de Reebok ne s'inscrit vraisemblablement pas dans les pas d'Adidas. L'équipementier allemand, qui avait misé gros - 3 milliards d'euros - sur Reebok pour concurrencer Nike en 2006, déchante près de huit ans après la transaction. Au point de vouloir revendre Reebok ? Possible.
Acheté 3 milliards, revendu deux fois moins ? Un consortium d'investisseurs de Hong Kong et d'Abou Dhabi s'apprêtent en effet à proposer 1,7 milliard d'euros à l'équipementier allemand pour lui racheter Reebok, affirme dimanche le Wall Street Journal. Ils devraient y faire valoir que la marque aura de meilleures perspectives d'avenir si elle retrouve son indépendance. Elle pourrait aussi poursuivre de manière plus sereine, à l'abri du regard des investisseurs boursiers, ses efforts pour regagner du terrain sur le marché américain.
Nike a renforcé sa position de leader. Car huit ans après, force est de constater que le mariage entre les deux n'a pas donné les résultats escomptés. En 2006, l'Allemand nourrissait de grandes ambitions pour la marque de baskets. En posant le pied sur le sol américain, il voulait transformer Reebok en un acteur majeur du marché outre-Atlantique, capable de mordre sur les plates-bandes de Nike. Un projet ambitieux. Mais après quelques premiers succès, les doutes sont arrivés. Adidas et Reebok ont tous deux perdu des parts de marché aux Etats-Unis, tandis que Nike a renforcé sa position de leader. Symbole de ces ambitions gâchées, Reebok a notamment perdu le contrat qui le liait à la puissante ligue de football américain NFL.
Le fitness, une stratégie payante... pour l'heure. Pour faire face, Adidas a choisi ces dernières années de repositionner Reebok vers le fitness. Une stratégie qui s'avère pour le moment payante : la marque a vu ses résultats progresser pour le cinquième trimestre consécutif à la mi-2014. Après tant d'efforts, une volonté explicite de vendre Reebok serait "une surprise" de la part d'Adidas, estiment les analystes de la banque britannique Barclays. Mais cet épisode montre que Reebok "a de la valeur et que la direction d'Adidas sera sous pression pour extraire de la valeur du groupe", ajoutent-ils. L'équipementier est en effet dans une situation difficile face à ses actionnaires, après avoir lancé trois avertissements sur résultats en l'espace d'un an.