La BNP à l'ordre du jour. Le lourd montant évoqué de dix milliards de dollars (7,3 milliards d'euros) de la sanction de la justice américaine à l'égard de la banque française BNP Paribas sera "obligatoirement" à l'ordre du jour du dîner entre Barack Obama et François Hollande jeudi soir, a-t-on appris mardi de source diplomatique française.
"Le dossier sera évoqué (pendant le dîner) avec Obama", présent à Paris à la veille des commémorations du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie, a indiqué cette source.
Ce qu'on reproche à la BNP. La banque est accusée d’avoir violé les embargos américains sur l’Iran, Cuba et le Soudan, sur la période allant de 2002 à 2009. Rien n’empêche le groupe français de faire affaires avec les bêtes noires de Washington, à condition de ne pas les faire en dollars car cela implique que l’argent utilisé a été compensé à un moment donné sur le territoire américain.
Une des hypothèses avancées serait que les investissements de BNP auraient été faits depuis la Suisse en direction de l’Iran (même si le régime n’est jamais formellement cité), potentiellement vers des entreprises françaises, comme PSA Peugeot Citroën, très actif sur place. Du commerce franco-français en terre perse, avec des devises américaines, qui pourrait coûter cher à la banque. Outre le prix de l’amende, la banque risque une interdiction temporaire de travailler sur le sol américain. Sans sa licence, BNP Paribas ne pourrait plus réaliser de transactions en dollars vers ou depuis les Etats-Unis
Fabius s'engage. Mardi matin, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, s'était exprimé sur France 2 à ce sujet, estimant que la somme demandée par les autorités américaines était un "grave problème". "S'il y a eu une faute ou une infraction, il est normal qu'il y ait une sanction. La sanction doit être proportionnée et raisonnable. Ces chiffres là ne sont pas raisonnables", a-t-il expliqué.
Dans son édition de mardi, le New York Times expliquait que la France faisait pression sur les Etats-Unis pour réduire la somme de cette amende. Le quotidien américain révélait notamment que François Hollande avait appelé Barack Obama pour évoquer la question. Il ajoutait que plusieurs dignitaires français s'étaient également déplacés outre-Atlantique ces derniers mois pour rencontrer les autorités américaines en charge du dossier.
Les craintes de la France. L'objectif de ces voyages est de faire comprendre qu'une telle amende mettrait en danger non seulement la santé financière de la banque, mais plus généralement la stabilité financière fragile de l'Europe. La menace de la part des autorités américaines de retirer la licence qui permet à la BNP de travailler sur leur sol fait aussi partie des point de débat. Le New York Times rappelle que si cela venait à arriver, ce serait l'équivalent d'une "peine de mort à Wall Street". L'effet serait dévastateur pour la banque française qui verrait de nombreux clients aller à la concurrence.
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