Le montant évoqué pour l'amende dont les autorités américaines menacent la banque française BNP Paribas n'est pas raisonnable et pose un "grave problème", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
La deuxième banque de la zone euro après Santander, est menacée d'une amende qui pourrait dépasser 10 milliards de dollars (7,3 milliards d'euros), selon le Wall Street Journal et des sources proches des négociations.
Fabius s’exprime. Alors que le gouvernement français s'était montré jusqu'à présent d'un extrême prudence sur ce dossier, Laurent Fabius a estimé que les chiffres avancés n'étaient pas proportionnés à la faute éventuelle et posaient un "grave problème".
"S'il y a eu une faute ou une infraction, il est normal qu'il y ait une sanction. La sanction doit être proportionné et raisonnable. Ces chiffres-là ne sont pas raisonnables", a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur France 2.
"Là, vous auriez l'exemple d'une décision injuste et unilatérale. Ça serait un très sérieux et même grave problème", a-t-il ajouté.
Pas de montant à l’amende fixé. Les autorités américaines cherchent à savoir si la banque française a tenté de contourner les sanctions imposées par les Etats-Unis à plusieurs pays entre 2002 et 2009. Le montant de l'amende potentielle n'est pas encore fixé officiellement.
Hollande sur le pont. L'exécutif français s'échine depuis plusieurs mois à négocier l'amende de la banque. Selon les informations du New York Times, François Hollande aurait même appelé Barack Obama pour évoquer la question avec lui. Plus généralement, explique le journal américain, plusieurs dignitaires français ont fait le voyage de l'autre côté de l'Atlantique pour discuter avec les autorités américaines. Parmi eux se trouverait notamment Christian Noyer, le président de la banque de France
L'objectif de ces voyages est de faire comprendre qu'une telle amende mettrait en danger non seulement la santé financière de la banque, mais plus généralement la stabilité financière fragile de l'Europe. La menace de la part des autorités américaines de retirer la licence qui permet à la BNP de travailler sur leur sol fait aussi partie des point d'achoppements. Le New York Times rappelle que si cela venait à arriver, ce serait l'équivalent d'une "peine de mort à Wall Street". L'effet serait dévastateur pour la banque française qui verrait de nombreux clients aller à la concurrence.
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